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Kosovo : Vucic demande à la communauté internationale de «ne pas faire pression sur Belgrade»

Suite à l'affrontement sanglant du 24 septembre entre la police kosovare et des paramilitaires serbes, une journée de deuil national a été décrétée le 27 septembre. Le soir, le président serbe donnait une interview en faveur de l'apaisement.

«Du point de vue de la Constitution serbe, chacun est citoyen de notre pays. En Serbie, on célèbre le jour de deuil des trois Serbes et du policier [kosovar] assassiné», a déclaré Aleksandar Vucic dans une interview accordée le 27 septembre à la chaîne de télévision serbe RTS, évoquant une décision «civile, sérieuse et responsable».

Le 27 septembre, cérémonie d’hommage aux trois Serbes du Kosovo ayant péri dans des affrontements.

Le chef d’Etat serbe s’exprimait à l’occasion de la journée de deuil national décrétée suite à la mort de quatre personnes dans le nord de la province du Kosovo. Le 24 septembre, une série d’affrontements entre un groupe de Serbes lourdement armés et les forces de l’ordre kosovares avait abouti à la mort de trois Serbes et d’un policier kosovar.

Invité le 27 septembre à la télévision nationale (RTS), le ministre serbe de la Défense Milos Vucevic a comparé les membres du commando paramilitaire tués aux Serbes tombés par le passé «pour la liberté du Kosovo et pour la liberté de la Serbie […] ce sont les nouveaux morts dans cette lignée de héros ou de victimes […] pour la liberté du peuple serbe au Kosovo», a-t-il affirmé. Le matin du 26 septembre, des centaines de personnes s’étaient rassemblées à Kosovska Mitrovica pour saluer la mémoire des trois Serbes.

Le Kosovo est «en ébullition», selon Vucic

Comme à chaque nouvel accès de violences dans cette province à majorité albanaise, dont l’indépendance proclamée en 2008 n’a jamais été reconnue par Belgrade, Pristina et Belgrade se rejettent mutuellement la responsabilité.

Pristina a immédiatement accusé Belgrade d’être derrière cette attaque «criminelle et terroriste». En outre, après la saisie dans une cache par la police kosovare de 150 kg d’explosifs, de dizaines de fusils automatiques, de lance-roquettes et d’un véhicule blindé, le Premier ministre autoproclamé Albin Kurti prétend avoir évité une «effusion de sang». 

«Les auteurs n’ont pas agi seuls mais avec un soutien étatique», avait-il déclaré le 25 septembre sur X (anciennement Twitter). La Serbie «doit être tenue pleinement responsable du soutien à la violence terroriste sur le territoire» kosovar, avait-il ajouté. «Ce ne sont pas des citoyens serbes ordinaires du Kosovo, mais des troupes soutenues par l’État serbe qui sont les auteurs de ces attaques terroristes», avait-il déjà accusé la veille sur le réseau social américain.

La Serbie a nié ces accusations, incriminant à son tour le chef du gouvernement autoproclamé du Kosovo et ses «provocations» envers les Serbes de la province. Toujours sur RTS, le chef de l’Etat serbe a demandé à la communauté internationale «de ne pas faire pression sur Belgrade», car, a-t-il ajouté, «ils savent qui est responsable» de la situation au Kosovo, qui selon lui «est en ébullition». Les Serbes «du Kosovo-Metochie se sont rebellés, ne voulant plus supporter la terreur de Kurti», a estimé Aleksandar Vucic.

Posant un diagnostic semblable au lendemain de l’attaque du 24 septembre, le ministère russe des Affaires étrangères avait jugé qu’«il ne fait aucun doute que le sang versé est une conséquence directe et immédiate de la politique du soi-disant “Premier ministre” Albin Kurti d’incitation au conflit». Le même jour, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov avait quant à lui estimé la situation autour du Kosovo «très, très tendue et potentiellement dangereuse», assurant que Moscou suivait «de très près» son évolution.

La KFOR appelée à l’aide par Belgrade

Interrogé pour savoir si les Etats-Unis étaient un allié de la Serbie dans la résolution de la crise du Kosovo, Aleksandar Vucic a répondu par l’affirmative, taclant au passage l’Union européenne. «Franchement», a-t-il estimé, «on peut obtenir plus de résultats dans les négociations et les accords avec les Etats-Unis qu’avec les Européens. Au moins certains essaient de voir les choses de manière plus réaliste».

Le 26 septembre, le président serbe avait d’ailleurs rencontré les ambassadeurs du Quint, composé de l’Italie, de l’Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, et celui de l’Union européenne. Regrettant que la présence de l’Eulex – la mission civile de l’UE au Kosovo visant à y garantir l’Etat de droit – «ne soit pas autorisée par la soi-disant police du Kosovo», il a appelé la KFOR – la mission de l’OTAN au Kosovo – à «prendre en charge tous les problèmes de sécurité» dans cette région.

Les tensions dans la province séparatiste connaissent un vif regain depuis le mois de mai et la décision de Pristina d’organiser des élections anticipées dans des localités majoritairement peuplées de Serbes. Le Kosovo a proclamé unilatéralement son indépendance en 2008, reconnue par les Etats-Unis et la plupart des pays occidentaux, mais pas par la Serbie, la Russie, la Chine, l’Inde ou encore l’Espagne, mais aussi l’ONU.

Belgrade a perdu le contrôle de ce territoire en 1999, ayant été privé du droit d’y déployer son armée par l’accord de Kumanovo, signé le 9 juin 1999 avec l’OTAN à la suite d’une campagne de bombardements de la Serbie qui aura duré 78 jours. Environ 120 000 Serbes vivent au Kosovo, dont un tiers dans le nord, sur une population de 1,8 million d’habitants, en grande majorité des Albanais.




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