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France : Macron annonce une loi sur l’euthanasie, Royal exige une «aide à vivre»

C’est dans un entretien accordé dimanche 10 mars 2024 aux journaux Libération et La Croix que le président français a annoncé un projet de loi prévoyant une «aide à mourir». Emmanuel Macron voit déjà plusieurs oppositions se dresser face à lui.


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«On aurait tellement besoin d’une loi sur l’aide à vivre» : la première critique sur le projet de loi euthanasie présentée le 10 mars par le président Macron est venue d’une personnalité de gauche : Ségolène Royal. Cette dernière, interrogée sur BFM TV, a fait valoir des arguments de santé publique au président qu’elle a ensuite développés sur ses réseaux sociaux : «il faudrait d’abord agir pour aider à vivre dans de bonnes conditions : remise à niveau de l’hôpital et des urgences, déserts médicaux, lutte contre les maltraitances dans les Ehpad, soins palliatifs, et plan d’urgence pour les détresses suicidaires des adolescents».

L’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle réagissait à l’entretien donné par le président à deux journaux : La Croix et Libération dans laquelle il se prononce pour une «aide à mourir», c’est-à-dire une légalisation de l’euthanasie.

Une idée que le président de la République a par ailleurs développée sur ses réseaux sociaux en présentant une «loi de fraternité qui concilie l’autonomie de l’individu et la solidarité de la Nation». Il a aussi évoqué des critères pour accéder à l’euthanasie : être majeur et capable d’un «discernement plein et entier».

Il a ainsi exclu «les patients atteints de maladies psychiatriques ou de maladies neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme Alzheimer», réservant l’euthanasie aux personnes souffrant «d’une maladie incurable, avec un pronostic vital engagé à court ou moyen terme et des souffrances réfractaires».

La pratique euthanasique sera faite à partir de l’injection d’une substance létale que la personne devra s’injecter seule ou avec l’aide d’un tiers si elle n’est «pas en mesure d’y procéder physiquement».

Des oppositions dans la «société civile»

La Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (SFAP) et plusieurs associations et syndicats ont dénoncé dans un communiqué commun : «un calendrier indécent» mais aussi «un mépris du travail des soignants» et «un manque de considération pour les personnes vulnérables et âgées». La présidente de l’Association des directeurs au service des personnes âgées, Marie de Hennezel estime de son côté que le projet de loi du président «n’est pas un texte de rassemblement. Il va diviser les Français» et d’ajouter «Il n y a pas eu de co-construction».

L’académicien François Sureau, interrogé à ce sujet sur France Inter lundi matin, a défendu l’idée selon laquelle : «l’État ne peut être mêlé en aucune manière à la mort d’une personne» et a fait part de sa «très grande inquiétude» avant d’invoquer la figure de Robert Badinter, récemment entré au Panthéon et qui avait fait savoir son opposition à l’euthanasie.

Une tentative de «faire oublier la faillite générale»?

Le président du parti Via, Jean-Frédéric Poisson, très actif sur les questions de société, a dénoncé «du mauvais sociétal et des principes creux pour faire oublier la faillite générale».

Le député Rassemblement national Grégoire de Fournas s’inscrit aussi dans cette logique et estime que le président, ayant échoué partout, se reporte sur ce type de questions ; et d’affirmer : «Nous ne laisserons pas Emmanuel Macron enfumer les Français».

François-Xavier Bellamy, eurodéputé LR et tête de liste aux élections européennes fait le même constat sur le plateau de CNews : «le Président de la République, qui n’a plus la main sur rien, a décidé de se réfugier dans les questions de société».

L’opposition conservatrice se mobilisera-t-elle ?

De nombreux évêques français ont par ailleurs dénoncé ce texte. L’évêque de Nanterre monseigneur Rougé a ainsi estimé qu’appeler : «”loi de fraternité” un texte qui ouvre le suicide assisté et l’euthanasie est une tromperie».

Le texte sur l’euthanasie devrait être présenté en avril mais fera l’objet d’un débat à l’Assemblée nationale le 27 mai 2024 à deux semaines des élections européennes. La majorité s’attend déjà à quelques remous, la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a déjà précisé à ce propos «je veillerai à ce que les débats à l’Assemblée nationale se déroulent dignement, dans le respect des convictions de chacun».

Le processus législatif jusqu’au vote définitif de la loi pourrait mener jusqu’à 2025.




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