Huit représentants onusiens se sont succédé sur le dossier libyen depuis la chute du régime Kadhafi en 2011, sans avoir réussi à apporter la solution politique à l'impasse que vit ce pays. Une conjoncture instable et des dissensions internes freinent le processus politique.
Au mois de mars 2024, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres désignait la diplomate américaine Stéphanie Khoury comme représentante spéciale adjointe aux affaires politiques à la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul).
Une désignation survenue après la démission fracassante du dernier envoyé spécial de l’ONU, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, nouveau camouflet pour l’institution internationale dans ses tentatives pour faire évoluer la situation vers un processus politique stable.
L’un des facteurs majeurs de la déroute onusienne demeure l’impossibilité à l’heure actuelle de parvenir à une entente interne entre les différents acteurs politiques du pays, notamment les deux groupes qui revendiquent sa direction.
Le projet de l’ONU était d’organiser des élections générales législatives et présidentielles. Un objectif presque rempli par l’envoyé spécial Abdoulaye Bathily, mais son échec final, dû à un clivage interne qui a marginalisé le rôle des Nations unies, a conduit à sa démission – et au départ de chaque envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU.
Quel avenir pour la médiation onusienne en Libye ?
Le seul nom qui circule depuis le départ d’Abdoulaye Bathily est celui de Stéphanie Khoury. Représentante spéciale adjointe du secrétaire général pour la Libye, la diplomate américaine a fait état au mois de mai dernier, au Conseil de sécurité de l’ONU de la précarité de la situation sécuritaire dans le pays, et même si sa feuille de route n’est pas encore claire, plusieurs observateurs estiment que la médiatrice internationale va concentrer ses efforts sur la création d’un gouvernement unifié afin d’assurer la tenue d’élections générales dans le pays.
L’implication des pays voisins, une alternative à la médiation onusienne ?
Les pays limitrophes ont toujours eu leur place sur la scène libyenne depuis 2011. Une implication qui s’explique par la promiscuité géographique et ethnique avec ce pays. Ainsi, plusieurs initiatives ont été menées afin d’aider la Libye à dépasser la phase de transition, à l’image de l’accord de Skhirat au Maroc en 2015 qui a réuni les parties au conflit et a été signé sous les auspices des Nations unies.
À une médiation régionale poussée par les coutumes de voisinage et la nécessité d’éviter des troubles dans la région, résultant de l’instabilité de la Libye, s’ajoute une éventuelle implication des institutions régionales, comme la ligue des États arabes et l’Union africaine. Mais à l’heure actuelle, aucun acteur international n’a pu résoudre une crise qui perdure depuis 13 ans.
Face aux échecs répétés de l’ONU et des acteurs régionaux, il apparaît une fois de plus que la solution interne est le moyen le plus approprié pour sortir de l’impasse, les différents acteurs politiques du pays devant donner la priorité à l’intérêt général de la Libye dans le but de rattraper le temps perdu et d’aller vers des élections générales, première étape d’une future stabilité.
A.T.
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