Pratiques anticoncurrentielles, sanctions et menaces, accords à sens unique… Rappelant la position de Moscou en faveur de l’émergence d’une nouvelle gouvernance mondiale, multipolaire et respectueuse des intérêts de chaque nation, l’ambassadeur de Russie aux États-Unis s’érige dans une tribune contre les pratiques néocoloniales des Occidentaux.
Anatoli Antonov, ambassadeur de Russie aux États-Unis.
La Russie plaide en faveur de la création d’un système multipolaire des relations internationales plus équitable et durable, basé sur la Charte de l’ONU et, par-dessus tout, sur le principe d’égalité souveraine des États. Elle préconise également la mise en place d’un ordre mondial qui reflètera la diversité culturelle et civilisationnelle du monde contemporain et respectera le droit de tous les peuples de déterminer eux-mêmes leur destin.
Une telle approche trouve le plus grand soutien auprès de la communauté internationale aspirant à éradiquer les vestiges du système colonial. Cependant, les pays occidentaux faisant feu de tout bois pour préserver «les rênes du pouvoir» et le statut de «maître des destinées» continuent à contrer activement de pareils élans. La situation actuelle en Ukraine, les tentatives inlassables des Occidentaux d’ébranler la situation dans l’espace post-soviétique qui nous est amical, illustrent bien à quel point l’«hégémon mondial» se bat farouchement pour conserver sa domination et la capacité d’imposer à la communauté internationale le modèle unipolaire.
La communauté internationale se rend compte que les pratiques néocoloniales des Occidentaux ne mènent à rien de bon. La preuve – affligeante – en sont les méthodes musclées de résolution des problèmes par une minorité agressive dont les États-Unis prennent la tête dans bien des pays dans le monde : Yougoslavie, Irak, Libye, Syrie, pays d’Asie et d’Afrique. D’après les estimations des experts, depuis l’année 1945, Washington a effectué plus de 50 tentatives de coup d’État et d’interventions militaires.
Viennent ensuite l’établissement de barrières économiques illégitimes, y compris la restriction des possibilités de se développer d’une manière autonome, la conclusion forcée d’accords abusifs, le drainage, pour une bouchée de pain, des ressources ainsi que l’implantation d’industries «sales» dans les pays du Sud. Ce qui est particulièrement remarquable, c’est la pratique illicite de l’Occident consistant à faire pression par sanctions sur les pays qui renoncent à se soumettre au diktat et à transiger sur leur souveraineté et l’identité nationale. Entre autres exemples de mesures restrictives illégitimes figurent le blocus économique de plusieurs années contre Cuba et les restrictions unilatérales à l’encontre de l’Iran et du Venezuela.
Légalisation des drogues, promotion de la diversité sexuelle, impérialisme vert : ces autres facettes du néocolonialisme occidental
Pour préserver sa présence géopolitique dans les différentes régions du monde, les Occidentaux recourent souvent aux leviers du «néocolonialisme par la dette». Sous prétexte de prendre soin de l’environnement, de lutter contre le changement climatique, ils promeuvent avec fourberie des idées d’«impérialisme vert» convenables à ce qu’on appelle le «milliard doré». Ils aggravent aussi le fossé technologique afin de renforcer le monopole des entreprises informatiques occidentales. Dans l’espace informationnel qu’ils contrôlent, un tabou est instauré sur les publications contrevenant aux postures pro-occidentales.
Non moins probante s’est révélée la répartition inéquitable des vaccins durant la pandémie de Covid-19 sur fond de certification retardée artificiellement par l’Occident du vaccin russe Spoutnik qui aurait pu sauver des milliers de vies dans les pays en développement. Par contre, personne n’a été tenu responsable des cas d’effets secondaires graves après l’utilisation de vaccins occidentaux certifiés à la va-vite.
Autre facette du néocolonialisme, l’imposition agressive d’orientations néolibérales au détriment des valeurs morales et éthiques traditionnelles. Il est question donc de la promotion de l’agenda destructeur, notamment de la diversité sexuelle et de genres et de la légalisation des drogues. Entre autres, on peut citer les soi-disant «sommets pour la démocratie» menés sous l’égide de Washington, visant à renouveler les instruments américains de contrôle extérieur et d’ingérence dans les affaires intérieures des États souverains aussi bien que de lutte contre ceux que les États-Unis qualifient d’«autocraties».
Les faits présentés ci-dessus révèlent qui reste le véritable colonisateur. Il est grand temps, pour le camp occidental qui représente une minorité, de prendre pleinement conscience de l’inutilité d’imposer des pratiques néocoloniales, y compris soi-disant «l’ordre basé sur les règles», et de la vanité des tentatives pour rejeter sa faute sur autrui.
Pour en revenir à l’expérience de notre pays dans la promotion des mouvements de libération nationale dans les années 1960, les États de la majorité mondiale font preuve d’une ferme détermination dans la lutte pour la création d’un dialogue égal et mutuellement respectueux. Exemple édifiant de cela, l’opposition de nos partenaires des pays du Sud aux interprétations occidentales de la situation en Ukraine et leur compréhension des objectifs et des enjeux de l’opération militaire spéciale. Dans le même ordre d’idée s’inscrit le soutien à l’initiative russe de fonder le mouvement antinéocolonial international «Pour la liberté des nations !» visant à éradiquer les pratiques contemporaines d’exploitation et d’hégémonisme.
BRICS : les portes sont ouvertes à ceux qui respectent «l’égalité souveraine des États», annonce Lavrov