Chroniques

L’insécurité est la résultante d’une politique – Par Gilles Casanova

Depuis le début des années 2000, les changements de politique du gouvernement ont joué sur la question de la sécurité en France. Une sécurité qui n'a fait que régresser jusqu'à aujourd'hui.

Le nombre d’homicides en France a bondi de 90 % depuis l’an 2000. La France qui se trouvait en bonne position dans les comparatifs internationaux dans le domaine de la criminalité proprement dite, est maintenant, non seulement derrière ses grands voisins européens, mais derrière Israël, l’Algérie, la Roumanie… Arrivant même au-delà de la centième place dans les classements internationaux si l’on y ajoute l’ensemble de la délinquance…

Gilles Casanova est éditorialiste français, consultant pour la stratégie, la prospective et la communication. Il a été membre des cabinets ministériels de l’Intérieur et de la Justice

La question de la sécurité qui avait dominé la campagne présidentielle de 2002 et conduit Jean-Marie Le Pen au second tour, ne peut que revenir sur le devant de la scène, avec de telles réalités.

Ces derniers jours, de nombreuses attaques au couteau, inusitées en France, et, à l’occasion du 14 juillet, de nombreuses attaques de commissariat de police, les conditions extrêmement violentes dans lesquelles de véritables gangs ont attaqué les supporters anglais et espagnols au Stade de France (93), c’en est trop pour qu’un système médiatique, pourtant très complaisant avec les autorités, arrive à se taire complètement.

Le départ du préfet de police de Paris cette semaine nous rappelle qu’il est le symbole d’un tournant extrêmement fort pris dans l’usage et l’utilisation des forces de police par l’État depuis quelques années. De nouvelles doctrines de maintien de l’ordre, des textes qui furent même parfois censurés par le Conseil constitutionnel, ou le Conseil d’État ne peuvent pas laisser indifférents.


Incendies, pompiers et policiers visés… Des incidents nocturnes dans plusieurs villes de France

À la fin du XXe siècle une tentative d’instauration d’une police de proximité par Jean-Pierre Chevènement, visait à créer un service public de police au service des citoyens, en étant directement impliqué dans la vie de la cité, de manière à ce que ceux-ci puissent donner aux forces de police le renseignement opérationnel nécessaire pour venir à bout de tous les petits gangs et de tous les petits trafiquants qui occasionnent la grande majorité de la délinquance. Dans un but politicien, il y a été mis fin, en réduisant massivement la capacité des forces de police à enregistrer la réalité des délits afin de donner à Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, l’élan voulu pour sa carrière politique. Comme cette police de proximité permettait de connaître plus finement le nombre des délits commis, elle faisait aussi monter les chiffres de statistiques médiatisées. Mais dans un premier temps seulement, avant de les faire descendre dans un second temps, parce que la délinquance avait fortement reculé sous son effet, comme l’ont montré les exemples, canadien et d’Europe du Nord dont elle était très précisément inspirée.

Depuis ce moment la progression de la délinquance et de la criminalité n’ont cessé. Malgré les tentatives de mettre la poussière sous le tapis. Ne prenons qu’un seul exemple, Paris : sous Jean-Pierre Chevènement on peut porter plainte dans n’importe quel établissement policier de la ville 24 heures sur 24 pour un fait qui s’est déroulé dans la capitale, sous Nicolas Sarkozy on ne pourra que de 9h à 18h dans le quartier précis où a eu lieu le délit. Les fonctionnaires ayant, de plus, la consigne d’orienter les plaignants vers la main courante. Cela peut donner pendant quelques mois de beaux succès comparatifs, mais si cela permet de briller dans les médias, cela n’est pas de nature à répondre à l’attente des citoyens.

C’est donc une première attaque contre la capacité de l’État à résister à la délinquance, à la criminalité, aux trafics, aux mafias qui est portée, à l’époque. Mais elle n’est rien à côté de la politique que choisira Emmanuel Macron à partir du déclenchement de la crise des Gilets jaunes.

La fin du quinquennat de François Hollande, directement tournée face à une partie du mouvement syndical, avait conduit la place du maintien de l’ordre à devenir de plus en plus proéminente au regard de la lutte contre la délinquance et la criminalité, mais sans que cela ne soit explicitement théorisé par des dirigeants qui officiellement appartenaient encore à la gauche.

La crise des Gilets jaunes va créer une novation. Depuis la Libération, si les Champs-Elysées ont été le lieu de très nombreuses manifestations populaires, ce n’étaient pas des manifestations revendicatives, mais plutôt des manifestations culturelles, ou de liesse populaire à l’occasion de grandes victoires sportives, à l’exception de la manifestation gaulliste de la fin du mois de mai 1968, encore n’était-elle pas de protestation mais de soutien au président de la République d’alors. Pour la première fois, de manière répétée, de manière massive, et progressivement de plus en plus vive, cette avenue qui borde le palais de l’Élysée a été le théâtre de manifestations de vive protestation par des personnes qui n’avaient jamais manifesté de leur vie, ne connaissaient donc pas les règles qui encadrent les manifestations, qui arrivaient de diverses régions du pays et dont le message était adressé directement au locataire de l’Élysée et se voulait sans intermédiaire, devant sa porte.

Il est clair que celui-ci a pris peur, on peut même penser, physiquement peur. Le fait est que l’activité des forces de police a été directement réorientée autour de la protection du président de la République, de la «protection des Institutions», du maintien de l’ordre comme objectif central et principal des forces de police et de gendarmerie. La destruction méthodique du mouvement très profond des Gilets jaunes enraciné sur chaque rond-point de toutes les petites et moyennes villes de France, par la police et la gendarmerie, a été l’activité principale ordonnée par l’État, pendant des mois.


Insécurité : après l’attaque au couteau d’Angers, RN et Reconquête ! tirent la sonnette d’alarme

Il n’y a pas eu de retour vers la lutte contre la délinquance, vers la lutte contre la criminalité qui n’ont plus été du tout une priorité donnée par l’État pour la police ni la gendarmerie.

Les trafics ont donc prospéré, et avec eux les règlements de compte entre trafiquants, qui constituent une part importante des homicides volontaires avec préméditation. Des zones géographiques entières, très peuplées, ont été totalement abandonnées à un équilibre entre les trafiquants de stupéfiants et les islamistes, qui ensemble créent un calme apparent à partir du moment où l’État s’engage à ne plus approcher, ce qui a été la réalité. Des zones géographiques dans lesquelles la loi n’est plus celle de la République mais celle des caïds, trafiquants ou islamistes, auxquels elle a été sous-traitée de fait.

«Lorsqu’on ouvre une école on ferme une prison» disait Victor Hugo. Force est de constater que les pays dont nous vient aujourd’hui la majorité de l’immigration sont des pays où l’on n’ouvre pas beaucoup d’écoles, car très souvent leur État est défaillant, et la guerre civile a laissé des sociétés décomposées. Si l’on en croit Victor Hugo, un homme de gauche, leur population est donc malheureusement plus encline, proportionnellement, à participer à des faits délictueux ou criminels que les personnes dont la famille est installée en France, où l’école tient une place centrale dans la société, depuis plus de deux générations.

On observe que les communes où ont lieu des actions à force ouverte contre les représentants des forces de l’ordre, ou les pompiers, ou encore les attaques au couteau, se trouvent souvent être celles dans lesquels les services du Premier ministre ont attiré l’attention sur le fait qu’une proportion importante, et parfois une large majorité des moins de 20 ans sont issus de l’immigration, soit directement eux-mêmes, soit à travers leurs parents (1). Il n’y a donc pas de surprise à observer que l’on retrouve dans les établissements pénitentiaires, où près de 50 % de la population a moins de 30 ans (2), les mêmes populations (3).

La sécurité dans une société, c’est un problème en soi pour le monde médiatique qui projette des peurs sur la population. Mais dans la réalité c’est une production qui est une résultante de la vie de l’ensemble de la société. On est passé en plus de 30 ans de 7 à 10 % de personnes d’origine étrangère en France. Absorber une telle progression aurait supposé une politique volontariste d’assimilation au pays de ces nouveaux apports, par le travail, par le logement, par la formation, par la culture. Tout au contraire, ce qui a été mené c’est une politique de relégation dans des villes, et des quartiers spécifiques, dans lesquels la crise économique et le chômage de masse ont installé l’habitude du travail au noir, pour lesquels bien souvent on les a fait venir, des trafics et le repli communautaire, dans lequel une religion, totalement méconnue de ceux qui s’en réclament, sert de point de repère à des populations désespérées, contre ceux qui les ont enfermés.

Après la fin des Gilets jaunes, la crise du Covid et la façon dont le pouvoir politique l’a gérée, ce que la presse allemande a appelé «Absurdistan autoritaire», a vu la masse de l’activité des forces de police et de gendarmerie être tournée vers la distribution d’amende à 135 € à des personnes qui sortaient de chez elle plus d’une heure par jour, se trouvaient à plus d’un kilomètre de leur domicile, bravaient les couvre-feux, ne portaient pas de masque dans les rues, ou buvaient leur café debout…

Toutes les conditions sont donc réunies pour que la situation déjà très dangereuse, empire de manière significative, si un renversement de perspective n’est pas opéré.

Ramener à sa juste proportion la fonction de garde prétorienne de la police et de la gendarmerie nationale, les tourner véritablement au service de la sûreté, et de la tranquillité publique, de la sureté de la Nation aussi. Mener une politique plus proactive dans le domaine de l’immigration, en se donnant des perspectives raisonnables pour résorber les excès que ne voient jamais les médias, mais dont la population est suffisamment témoin pour avoir, par exemple, envoyé près de 90 députés du Rassemblement national, qui en fait le cœur de son discours, au Parlement.

La question de la sécurité, la question de la sûreté, c’est une question qui est liée aux libertés, elle n’est pas liée à la présentation médiatique d’une nouvelle loi, il y en a eu une quarantaine ces dernières années, toutes plus répressives dans leurs textes, qui ont accompagné l’explosion de la délinquance et la forte progression de la criminalité. Elle est liée à une volonté politique de prendre à bras-le-corps un certain nombre de problèmes de la société, pour y trouver des réponses originales et efficaces, ce qui suppose de leur accorder une part du budget de l’État, qui est actuellement utilisée à abonder les dividendes et fait de notre pays le premier verseur de dividendes au monde…

Gilles Casanova

(1) «de 1968 à 2005, la part des jeunes issus de l’immigration parmi les moins de 18 ans est passée de 11,5 % à 18,1 %. Par ailleurs, alors que plus des trois quarts des jeunes issus de l’immigration étaient d’origine européenne en 1968, ce n’était plus le cas que d’un quart d’entre eux en 2005. En Île-de-France elle est passée de 16 % en 1968 à 37 % en 2005. En Seine-Saint-Denis, sur la même période, elle est passée de 19 % à 57 %. En 2005, elle atteint ainsi 41 % à Paris, 40 % dans le Val-de-Marne et 38 % dans le Val-d’Oise. Dans certaines communes d’Île-de-France, cette concentration de jeunes d’origine immigrée peut atteindre des niveaux très élevés : 70 % des jeunes à Saint-Denis ou Grigny ; environ 75 % à Clichy-sous-Bois, Aubervilliers et La Courneuve.» Aubry B. et Tribalat M. (2011), « Les concentrations ethniques en France : évolution 1968-2005 », Espace Populations Sociétés, 2011/3, p. 493-507, cité par France stratégies, service du Premier ministre.

(2) «Les chiffres clés de l’administration pénitentiaire», direction de l’administration pénitentiaire, ministère de la Justice, L’âge médian est de 31,7 ans

(3) «Le taux de prisonniers musulmans dépasse souvent les 50 %, avoisinant parfois les 70 %, voire les 80 % dans les prisons proches des banlieues, soit huit prisonniers sur dix» l’Islam dans les prisons, Farhad Khosrokhavar 2004




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