Calin Georgescu, candidat indépendant à la présidence de la Roumanie, a affirmé lors d'une interview accordée à Shawn Ryan que la base militaire Mihail Cogalniceanu, dans le sud-est du pays, appelée à devenir la plus grande base militaire de l'OTAN en Europe, pourrait servir de tremplin pour lancer une «offensive» contre la Russie.
La base aérienne Mihail Cogalniceanu en Roumanie, appelée a devenir la plus grande base de l’OTAN en Europe, pourrait être utilisée pour mener une éventuelle attaque contre la Russie, selon Calin Georgescu, vainqueur du premier tour de l’élection présidentielle roumaine annulée.
«Ce qui se passe actuellement en Roumanie et le fait que nous n’ayons aucune réaction à l’extérieur, en particulier des États-Unis, montre qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe ici, car s’ils utilisent la Roumanie comme porte d’entrée vers la guerre… qu’est-ce qui se passera ensuite ? Nous n’avons pas besoin d’une guerre, c’est ce que je dis», a-t-il déclaré dans une interview accordée à Shawn Ryan, ancien membre des forces spéciales de la marine américaine (SEAL), selon un extrait diffusé le 11 janvier.
«Pour être clair, la plus grande base de l’OTAN jamais construite en Europe sera construite pour mener une offensive majeure en Russie», a de son côté relancé Shawn Ryan. «C’est exactement le mot : “offensive”», a répondu l’homme politique roumain. «Nous ne pouvons pas l’accepter […] Parce que ce ne sont pas nos affaires. Ce n’est pas notre guerre», a-t-il poursuivi.
L’élargissement de cette base aérienne, située près de la commune de Mihail Cogalniceanu, sur la côte de la mer Noire, a débuté en mars 2024. Chiffré à 2,5 milliards d’euros, ce chantier vise à permettre d’accueillir jusqu’à 10 000 militaires et leurs familles.
Une base grande comme le quart de Paris
La superficie de cette base sera d’environ 2 800 hectares, pour un périmètre de 30 kilomètres. À titre de comparaison, la superficie de l’aéroport international de Paris-Charles de Gaulle est d’un peu plus de 3 200 hectares.
Le 21 juin, le secrétaire d’État américain Antony Blinken, lors d’une réunion avec la ministre roumaine des Affaires étrangères Luminita Odobescu, avait qualifié d’essentiel le rôle de la Roumanie sur le flanc oriental de l’OTAN. Il a ajouté que Washington et Bucarest avaient discuté de questions de sécurité en mer Noire.
Le 24 novembre, à la surprise générale, Calin Georgescu, notamment dépeint par la presse occidentale comme un candidat «ultranationaliste» et «pro-russe», avait remporté le premier tour des élections présidentielles en Roumanie avec 22,94% des voix, suscitant l’inquiétude des partisans des alliances euro-atlantiques de la Roumanie.
Dans une interview à Reuters publiée le 4 décembre, il avait notamment promis de supprimer l’aide militaire à l’Ukraine s’il était élu et qualifié d’«ultra-secondaire» l’exigence de l’Alliance atlantique en matière de dépenses militaires. Le 6 décembre, sur fond d’accusations d’ingérence étrangère en faveur de Calin Georgescu, la Cour constitutionnelle du pays avait annulé les résultats du vote. Le 8 janvier, le Parti libéral, l’un des membres de la coalition au pouvoir en Roumanie, a annoncé que la présidentielle serait organisée les 4 et 18 mai prochains.
Roumanie : la Cour constitutionnelle annule l’élection présidentielle sur fond d’accusations d’ingérence étrangère