Un spectacle du rappeur français Freeze Corleone prévu le 4 décembre à Montréal a été annulé par les organisateurs, alors que la venue du chanteur suscitait la polémique sur place en raison de ses textes jugés antisémites.
Le site de vente Ticketmaster a annoncé le 14 novembre aux personnes détentrices de billets pour le spectacle de Freeze Corleone du 4 décembre à l’Olympia de Montréal que le concert avait été annulé par les organisateurs. «Pardon Montréal», s’est contenté de déclarer le rappeur français sur Twitter en réponse au message d’un fan se plaignant de la décision.
Pardon Montréal 🐲🐲🐲 https://t.co/gJTn0nhKy2
— PHILLIPE LIN (@freezecorleone) November 14, 2022
Des organisations communautaires juives comme le B’nai B’rith, s’étaient plaintes de la venue du rappeur en raison de textes jugés antisémites et faisant l’apologie du nazisme.
Nous sommes heureux que la direction du Théâtre Olympia ait désavoué l’antisémitisme de Corleone
«Un établissement de Montréal a informé B’nai B’rith Canada qu’il travaillait à annuler le spectacle prévu d’un rappeur célèbre ayant l’habitude de cracher des propos antisémites, notamment en se comparant à Hitler», lisait-on dans un communiqué de la branche canadienne de l’organisation publié le 14 novembre.
Toujours selon ce texte, le propriétaire du théâtre de l’Olympia de Montréal, Patrick Levy, a déclaré au B’nai B’rith que le spectacle n’était plus annoncé sur son site web. «Il s’est également engagé à examiner les obligations contractuelles du théâtre et s’est engagé à partager prochainement de plus amples informations», lit-on encore.
«Nous sommes heureux que la direction du Théâtre Olympia ait désavoué l’antisémitisme de Corleone», a déclaré Marvin Rotrand, directeur national de B’nai B’rith Canada toujours selon ce texte.
Le B’nai Brith reproche au rappeur «la négation de l’Holocauste et l’utilisation de tropes antisémites sur la richesse et l’influence juives», dans ses textes ce qui a conduit en 2020 son label Universal Music Group à cesser sa collaboration avec lui. «Enfin libre. Merci a tous pour le soutien, Dieu vaincra jamais on arrête le marathon», avait-il écrit sur Twitter en 2020 à l’annonce de la fin de sa collaboration avec Universal France.
L’organisation rappelle que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait condamné à l’époque les textes du rappeur. «Ces propos sont inqualifiables», avait-il dit entre autre, qualifiant d’«immondices» les propos tenus dans plusieurs titres.
Référence à Hitler dans un texte
Freeze Corleone est accusé d’avoir dans son premier album pris pour cible des personnalités juives ou d’avoir fait l’apologie d’Hitler, Goebbels ou encore du mollah Omar. «R à F [rien à foutre] de la Shoah», entonne-t-il dans son titre S/O Congo. «J’arrive déterminé comme Adolf dans les années 30», dit-il encore entre autre.
(1/2) Antisémitisme, complotisme, apologie d'Hitler, du IIIe Reich et du terroriste Mollah Omar, le rappeur @freezecorleone fait business de son obsession des juifs #hatemoney avec @YouTube, @GooglePlayMusic, @AppleMusic, @spotifyfrance, @DeezerFR, @amazonmusic et @TIDALpic.twitter.com/xOeSEECw2m
— Licra (@_LICRA_) September 16, 2020
Le rappeur a fait l’objet d’une enquête pour «provocation à la haine raciale» et «injure à caractère raciste» après un signalement au parquet du Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) qui n’a pas aboutit. Cette absence de condamnation avait poussé la direction de l’Olympia, dans un premier temps, à opposer la «liberté d’expression» aux critiques, avant finalement de changer de cap.
«C’est décevant qu’il ait trouvé un endroit pour propager son message de haine après ce qui s’est passé en France. Ça envoie le message que ces propos sont acceptables», avait notamment critiqué Eta Yudin, vice-présidente québécoise du Centre consultatif des relations juives et israéliennes dans Le Devoir le 11 novembre.
Les polémiques n’ont pas empêché l’album LMF de bien se vendre, au point d’être certifié disque de platine, c’est-à-dire écoulé à plus de 100 000 exemplaires en France, en 2021. Il aurait depuis selon la presse spécialisée dépassé les 200 000 exemplaires vendus.
«Antisémitisme, complotisme, apologie d’Hitler» : la Licra dénonce le rappeur Freeze Corleone