Un avocat demande l’ouverture d’une enquête pour «entrave à la justice» contre le Premier ministre François Bayrou dans le cadre des affaires de viols à l’école Bétharram. Le chef du gouvernement se trouve au cœur d’une véritable tempête politique.
Lundi 17 février, une demande d’enquête pénale a été déposée auprès du parquet général de Pau, visant des faits présumés de «recel de crime» ainsi que d’«entrave à la justice». L’avocat à l’origine de cette demande est maître Jean-Louis Blanco, conseiller du premier élève de l’établissement ayant porté plainte pour une violente claque reçue d’un surveillant. Celui-ci explique sa démarche comme étant «une demande d’enquête sur l’enquête, pour savoir qui a fait quoi, et comment monsieur Bayrou serait intervenu auprès de la justice», explique l’avocat.
Appel à la démission par les Insoumis et les socialistes
Le coordinateur national des Insoumis (LFI) Manuel Bompard s’est insurgé contre l’inaction du Premier ministre François Bayrou lors d’un passage sur la chaîne BFM TV : «Le rapport que François Bayrou avait commandé en 1996 était déjà accablant. Pourtant, rien n’a été fait et il a protégé l’établissement». Le député estime ainsi que celui qui était ministre de l’Éducation et président du Conseil départemental «pouvait et devait agir pour mettre un terme à ces faits».
Le rapport que François Bayrou avait commandé en 1996 était déjà accablant. Pourtant, rien n'a été fait et il a protégé l'établissement.
En tant que ministre de l'Éducation et président du Conseil départemental, il pouvait et devait agir pour mettre un terme à ces faits. pic.twitter.com/wzF8Ifz5pI
— Manuel Bompard (@mbompard) February 17, 2025
Le député LFI Paul Vannier a appelé à la démission du Premier ministre lors d’un point presse de la France Insoumise le 18 février, l’accusant d’avoir «menti devant la représentation nationale à deux reprises». Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, encourage François Bayrou à «démissionner en conscience, s’il a participé d’une manière ou d’une autre à la loi du silence».
Les témoignages des victimes de l’institution Betharram sont effrayants.
F. #Bayrou a menti à plusieurs reprises devant l’Assemblée. Il a dit n’avoir jamais été au courant, mais il nous explique lui-même qu’il avait demandé un rapport en 1996. Cela jette un doute sur ce qu’il… pic.twitter.com/kCZB3DEdf6
— Olivier Faure (@faureolivier) February 16, 2025
Le député Rassemblement national (RN) Julien Odoul a lui qualifié d’«assez détestable l’instrumentalisation de la gauche et de l’extrême gauche» de cette affaire, affirmant par ailleurs : «Quand il s’agit d’autres confessions, la gauche est aux abonnés absents».
Sur les réseaux sociaux, des internautes soulignent que le socialiste Jack Lang et l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon étaient respectivement ministre de l’Éducation et ministre délégué à l’enseignement professionnel entre 2000 et 2002 et qu’ils n’ont rien fait concernant cette affaire de Bétharram.
Du côté du gouvernement, plusieurs ministres ont réagi, à l’image de la ministre de la Transition Agnès Pannier-Runacher, qui a déclaré sur LCI au sujet des appels à la démission de François Bayrou : «Les oppositions se saisissent de tout prétexte (…) Si vous écoutez LFI, on doit tous démissionner tous les matins». La ministre de l’Éducation, Elisabeth Borne, affirme de son côté que 60 inspecteurs ont été affectés pour plus de contrôle des établissements privés sous contrat et avance le chiffre de 40 % d’établissements inspectés dans les deux ans.
Après avoir fait l’objet de cinq motions de censure, François Bayrou doit désormais composer avec une affaire qui pourrait être portée devant les tribunaux.
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