La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a estimé le 3 janvier que la Russie devait «abandonner ses bases» en Syrie. Réagissant à ces propos, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, lui a suggéré de «dire quelque chose de similaire à Washington».
«N’est-il pas temps, du point de vue de la ministre allemande des Affaires étrangères, de dire quelque chose de similaire à Washington ?», a lancé le 3 janvier sur sa chaîne Telegram la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, qui a rappelé que des bases américaines étaient installées sur le sol allemand.
Par ces propos, la diplomate russe réagissait à ceux de la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui dans un communiqué publié le même jour sur le site de son ministère, déclarait qu’«il est […] temps pour la Russie d’abandonner ses bases militaires en Syrie».
«Le peuple syrien n’oubliera pas les bombardements massifs et les violations des droits de l’Homme», avait ajouté la ministre démissionnaire écologiste, pointant du doigt le président russe Vladimir Poutine, qui selon elle a «dissimulé et soutenu les crimes du régime».
Sur les réseaux sociaux, Baerbock avait également commenté ce déplacement aux côtés de son homologue français Jean-Noël Barrot faisant valoir «l’espoir légitime que l’avenir sera meilleur» avec l’arrivée au pouvoir des islamistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Un groupe dont le chef, Ahmed al-Chareh, de facto nouveau dirigeant de la Syrie, a d’ailleurs refusé de serrer la main de la ministre allemande.
Washington entend maintenir sa présence en Syrie
«La Syrie est un pays souverain qui a le droit de conclure et de résilier des accords avec des partenaires étrangers», a déclaré le 29 décembre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, ajoutant que Moscou n’avait pour l’heure reçu de Damas aucune demande de révision des accords concernant les bases russes.
Du côté des États-Unis, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, avait «conseillé» le 18 décembre à l’équipe de Donald Trump de maintenir des forces en Syrie afin de combattre la menace de l’État islamique (EI), car depuis la chute du gouvernement Assad, le mouvement «a commencé à chercher toutes les occasions de se reconstruire, de se développer, de se répandre et de créer une plateforme à partir de laquelle il pourrait menacer les États-Unis et les Américains du monde entier». Présents à l’est de l’Euphrate pour soutenir les Forces démocratiques syriennes (FDS), les États-Unis avaient établis illégalement une présence en Syrie au milieu des années 2010.
Deux jours plus tôt, le 16 décembre, le nouveau chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, avait rapporté aux journaliste que plusieurs ministres des Affaires étrangères d’États membres de l’UE avait déclaré que la Syrie devait se «débarrasser» de l’influence russe.
Fin novembre, les djihadistes syriens menés par HTC ont lancé une offensive majeure à travers le pays, s’emparant de plusieurs grandes villes dont la capitale Damas et provoquant la chute de Bachar el-Assad qui s’est vu accorder l’asile en Russie. Le 8 décembre, HTC, ex-branche d’Al-Qaïda, qui demeure classée «terroriste» par plusieurs chancelleries, a annoncé la formation d’un gouvernement de transition. Bachar el-Assad, qui dirigeait le pays depuis 2000, s’est exilé en Russie.
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