France

Attaque contre des Kurdes à Paris : le tireur va être présenté à un juge d’instruction

L'auteur présumé de la tuerie à probable mobile raciste contre des Kurdes à Paris va être entendu par un juge d'instruction le 26 décembre au terme de sa garde à vue. Il a reconnu devant les enquêteurs qu'il haïssait les étrangers.

L’homme âgé de 69 ans soupçonné d’avoir tué trois Kurdes le 23 décembre à Paris a quitté ce 25 décembre l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police et sera présenté le lendemain à un juge d’instruction en vue d’une éventuelle mise en examen, a indiqué le parquet.

Le suspect, qui a reconnu devant les enquêteurs ressentir une «haine des étrangers pathologique», a été replacé en garde à vue ce 25 décembre à 16h25, a précisé le parquet. Sa garde à vue avait été levée la veille en fin de journée pour des raisons de santé.

Depuis l’attaque qui a fait trois morts et trois blessés, la piste du crime raciste est privilégiée par les enquêteurs.

«Haine des étrangers»

Dès son interpellation peu de temps après les faits, le tireur présumé avait confié aux policiers avoir agi parce qu’il était «raciste». En garde à vue, il a reconnu une «haine des étrangers devenue pathologique» depuis un cambriolage dont il avait été victime en 2016, a indiqué dans un communiqué la procureure de Paris Laure Beccuau.


Kurdes tués à Paris : la garde à vue du suspect levée pour raisons de santé

Il s’est décrit comme «dépressif» et «suicidaire». «Mais avant de me suicider, j’ai toujours eu envie d’assassiner des migrants, des étrangers, depuis ce cambriolage», a-t-il déclaré en garde à vue. Pour ce faire, il s’est dans un premier temps rendu, tôt le matin du 23 décembre, à Saint-Denis, au nord de Paris, avec son arme, «un pistolet automatique Colt 45 de calibre 11,43», pour «commettre des meurtres sur des personnes étrangères», selon la procureure. Mais, «il renonce finalement à passer à l’acte, compte tenu du peu de monde présent et en raison de sa tenue vestimentaire l’empêchant de recharger son arme facilement», a-t-elle précisé.

Il est alors rentré chez ses parents, puis en est ressorti pour se rendre peu avant midi rue d’Enghien, dans le Xe arrondissement de Paris, où il connaissait l’existence d’un centre culturel kurde, et a ouvert le feu.

Une femme – Emine Kara, une responsable du Mouvement des femmes kurdes en France – et deux hommes, dont l’artiste et réfugié politique Mir Perwer, sont morts sous ses balles. Trois autres hommes ont été blessés, dont un gravement, mais leurs jours ne sont plus en danger et l’un d’entre eux a quitté l’hôpital, selon le dernier bilan communiqué dimanche. Cinq des six victimes sont de nationalité turque, la dernière française.

«Indiquant en vouloir “à tous les migrants”, il explique s’en être pris à des victimes qu’il ne connaissait pas, précisant en vouloir aux Kurdes pour avoir “constitué des prisonniers lors de leur combat contre Daesh” au lieu de les tuer», a affirmé le ministère public. Il avait «l’intention d’utiliser toutes les munitions et de se suicider avec la dernière balle», mais a été stoppé par plusieurs personnes dans un salon de coiffure proche avant d’être arrêté par la police.

Les premiers éléments obtenus lors d’une perquisition chez ses parents, dont la saisie d’un ordinateur et d’un smartphone, n’ont «rien révélé à ce stade», selon la procureure, et pas permis d’établir «un quelconque lien avec une idéologie extrémiste».

Le suspect déjà condamné par le passé

Le suspect a assuré avoir acquis son arme il y a quatre ans auprès d’un membre d’un club de tir, a-t-elle ajouté. Il l’avait cachée chez ses parents et a assuré ne jamais s’en être servi auparavant.

Déjà condamné en 2017 pour port d’arme prohibée et en juin dernier pour violences avec armes sur des cambrioleurs – les faits qu’il a évoqués en garde à vue –, il est mis en examen depuis décembre 2021 pour violences avec armes, avec préméditation et à caractère raciste.

En outre, il est soupçonné d’avoir blessé à l’arme blanche des migrants sur un campement à Paris le 8 décembre 2021. Après un an de détention provisoire, il avait été libéré le 12 décembre.




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