Chroniques

Avoirs gelés en Occident : les Russes doivent «retenir la leçon»

Si, d'après le Financial Times, les responsables du G7 auraient renoncé à confisquer les avoirs russes, ils ne les rendront pas pour autant. Cette déconvenue, estimée à près de 300 milliards de dollars, doit faire comprendre aux Russes qu’ils ne doivent jamais plus faire confiance aux Occidentaux.

Cet article a été initialement publié sur RT en langue russe par Anna Chafran, présentatrice de radio et de télévision.

Les pays du G7 ont décidé de ne pas confisquer les actifs russes gelés, annoncent les médias. Toutefois, il serait absolument incorrect de réagir d’une manière triomphaliste du genre «Voilà ! Ils ont pris peur !».

Hélas, ils n’ont pas du tout pris peur. S’ils ont effectivement peur de nous sur le plan militaire, ils ne nous voient pas comme des égaux dans le domaine financier. L’Occident a tout simplement fait des calculs, arrivant à la conclusion que la confiscation à l’étape actuelle causera plus de pertes que de profits.

Ces pertes sont dues non seulement aux actifs occidentaux gelés en Russie qui seront aussi inévitablement confisqués, mais aussi à un très probable retrait en masse dans l’économie occidentale des investissements réalisés par les Chinois, les Arabes, les Indiens et des autres étrangers. Et là, les montants deviennent en effet sensibles et dangereux pour le bien-être des élites occidentales. Et c’est exactement à leur bien-être et non pas au grand public que pensent en premier lieu les fonctionnaires occidentaux.

Pour les élites occidentales, les Russes ont bon dos

Les pays occidentaux savent très bien calculer. Il est vrai que leurs économistes se trompent parfois, par exemple lorsqu’ils affirmaient que les sanctions pouvaient faire effondrer l’économie russe. Mais cela vient de l’ignorance et de l’orgueil. En revanche, ils connaissent beaucoup mieux leur propre économie et comprennent que les dommages causés par les sanctions antirusses ne dépasseront pas (ou ne dépasseront que légèrement) ceux causés par la pandémie du COVID-19 durant laquelle les banques centrales de tous les pays imprimaient sans réfléchir l’argent pour le balancer sur les marchés.

Le fait d’annoncer aux citoyens : «Nous avons une forte inflation et une forte récession parce que pour une raison ou pour une autre, nous avons décrété des confinements dont personne n’avait besoin et avons ensuite investi un tas d’argent dans une vaccination inutile et même nuisible» équivaudrait à un échec politique. Mais c’est une tout autre histoire que de dire : «Tout est de la faute des Russes». La xénophobie s’est toujours bien vendue en Europe.

Quand députés et économistes britanniques disent que les sanctions antirusses ne marchent pas, il n’y a qu’une seule conclusion logique à tirer, nous semble-t-il : il faut lever les sanctions. Mais non : à l’issue des grandes audiences du Comité du Trésor de la Chambre des communes consacrées au sujet suivant : «Les sanctions du Royaume-Uni contre la Russie marchent-elles ?», c’est tout l’inverse qui a été décidé : les sanctions doivent être durcies, élargies et renforcées dans l’espoir qu’un jour ou l’autre peu ou prou elles marchent.

Les actifs russes demeureront, gelés, en Occident

Pour autant, les experts britanniques ont proposé de renoncer à la confiscation pour les raisons mêmes que j’ai mentionnées au début : un risque de représailles inévitables et de retrait en masse des actifs étrangers.

Il faut comprendre que renoncer à la confiscation ne signifie pas retourner les actifs russes gelés. L’Occident les gardera jusqu’à ce que «la Russie paye une compensation à l’Ukraine». Vu que cela n’aura jamais lieu et que l’existence même d’une Ukraine souveraine à l’avenir est actuellement en suspens, l’argent ne sera jamais rendu.
Les actifs demeureront en Occident, et celui-ci dépensera à sa discrétion les revenus générés par l’investissement, très probablement pour armer des militants antirusses et soutenir d’autres activités de sabotage.

Je pense que la décision de confisquer les actifs russes pourrait pourtant être prise après un certain temps. La segmentation du monde se poursuit, et au moment où l’Occident comprendra que les investissements étrangers dans les économies européenne et américaine ne sont plus aussi importants qu’auparavant, il trouvera une excuse pour s’approprier l’argent russe, tout comme ils se sont à maintes reprises approprié l’argent et les trésors d’autrui par le passé.
La Russie ne doit donc pas compter sur ses actifs gelés. Mais elle doit bien retenir la leçon pour longtemps et ne jamais faire confiance à l’Occident, ni sur le plan financier, ni sur tout autre. Ça suffit comme ça.




Confiscation des avoirs russes : «Cette question n’est plus sur la table», rapporte le Financial Times


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