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Confiscation des avoirs russes : «un braquage à main armée»

Selon Djamel Guessoum, géopolitologue et analyste politique, la confiscation des avoirs russes par l’Occident est une action illégale et immorale qui doit susciter une réponse diplomatique et politique.

RT en français : L’UE prévoit d’allouer à Paris 300 millions d’euros provenant du produit des avoirs russes gelés. Pourquoi l’Union européenne a-t-elle choisi ce moment et pourquoi la France comme bénéficiaire de cette somme ?

Djamel Guessoum : J’aimerais décliner mon analyse sur deux points. Tout d’abord, il me paraît évident que l’autopaiement, c’est de s’autopayer sur de l’aide allouée par les pays européens. Le choix de la France pour l’armement tient au fait notamment qu’une grande partie des intérêts de cette opération militaire, en tout cas, de vente d’armes à l’Ukraine, profite plutôt aux États-Unis. C’est une manière un peu de rembourser le trop perçu des États-Unis.

Le timing n’est pas un élément central puisque les avoirs russes ont été gelés depuis de nombreux mois. 300 milliards de dollars depuis le début de l’opération spéciale. Ce qu’il faut voir, c’est l’action illégale, immorale. Cela ne s’appuie sur aucun fondement juridique et tout État qui mène une action de confiscation de biens sans une décision judiciaire d’ordre international, à partir d’un tribunal reconnu par l’ensemble des pays, n’a aucun sens.

La deuxième déclinaison, et je mesure parfaitement la teneur des propos que je vais tenir, je m’interroge sur la passivité que les pouvoirs politiques russes ont à l’égard des pays européens qui pratiquent ce genre de braquage, c’est un braquage à main armée. À un moment donné il faut prendre des décisions claires et retentissantes. Moi, j’imaginais une rupture pure et simple des relations diplomatiques entre la Russie et la France, ce qui aurait pour effet de mettre la France hors jeu diplomatiquement et politiquement et de la mettre complètement à part de l’Union européenne.

J’imagine qu’avec une réponse telle que celle-ci à l’égard de ce cambriolage permanent des avoirs russes, à un moment donné, cesserait.

RT en français : Justement, dans ce registre, quels sont les moyens dont dispose Moscou légalement pour répondre à cette décision ?

D. G. : A partir du moment où le gel des avoirs ne s’appuie sur aucun fondement juridique, la Russie ne peut donc pas s’opposer à cela, puisqu’il n’y a pas d’instance judiciaire. La réponse doit être diplomatique et politique. Et le fait de suspendre ou de proclamer une rupture des relations diplomatiques avec la France en particulier, serait de nature justement à remettre les pendules à l’heure, doublé au contexte politique français qui en finalité aura un retour très bénéficiaire pour la Russie. Et c’est aussi un message pour les autres pays européens.

Je n’ai pas de leçon à donner à monsieur Poutine j’imagine qu’il sait ce qu’il fait mais à partir d’un certain moment, il faut avoir, je dirais, frapper du poing sur la table, prendre une décision qui fasse qu’à un moment donné, un pays important de l’Union européenne soit définitivement écarté diplomatiquement et politiquement sur la question de l’opération spéciale en Ukraine. Cela fragiliserait non seulement l’Union européenne dans son ensemble, mais surtout la France, qui est particulièrement active dans ce champ-là.




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