Pour l’ancien ambassadeur de Paris à Alger, Xavier Driencourt, les relations bilatérales franco-algériennes sont clairement «dans une période baissière», s’étonnant des propos tenus par le chef de la diplomatie française qui évoquait lors d’une interview ses «doutes» quant aux intentions d’Alger à l’égard de la France.
«Je ne dirais pas qu’il y a un plan organisé par Alger pour déstabiliser la France», a déclaré ce 7 janvier Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger (2008-2012 et 2017-2020), «mais le fait est que les Algériens ont des relais en France».
Invité de La Grande interview Europe1-CNews, celui-ci était interrogé sur l’arrestation de plusieurs influenceurs algériens accusés d’avoir tenu des propos sur les réseaux sociaux relevant de l’apologie du terrorisme.
«Mais j’ai en tête les propos tenus à mon égard par l’ancien Premier ministre algérien qui me disait monsieur l’ambassadeur, nous vous connaissons beaucoup mieux que vous ne nous connaissez’, et je crois que tout est dans cette formule» a confié le diplomate.
Barrot a des «doutes» quant aux intentions d’Alger envers la France
L’auteur de «l’énigme algérienne» (Éd. L’Observatoire, 2022) est également revenu sur la déclaration de Jean-Noël Barrot : «quand j’entend le ministre français des Affaires étrangères dire qu’il a des doutes vis à vis des bonnes intentions de l’Algérie je crois que l’heure n’est plus aux doutes, l’heure est à la certitude» a-t-il estimé.
Le 5 janvier, invité du Grand Jury Public Sénat-RTL-Le Figaro-M6, le chef de la diplomatie française avait exprimé ses «doutes» sur l’engagement d’Alger à respecter une feuille de route des relations bilatérales franco-algériennes, le tout alors que ces dernières traversent une période de tensions inédite depuis juillet 2023 et le soutien apporté par Emmanuel Macron à la marocanité du Sahara occidental lors d’une visite à Rabat.
Cette ancienne colonie espagnole, considérée comme un «territoire non autonome» par l’ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc au Front Polisario soutenu par l’Algérie.
«Nous avons en 2022 […] rédigé une feuille de route […], nous tenons à ce [qu’elle] puisse être suivie», avait déclaré le ministre français. «Mais nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l’intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Parce que pour tenir la feuille de route, il faut être deux» avait-il poursuivi.
Des relations bilatérales en «très forte dégradation»
«On craint aussi des réactions de l’Algérie, du pouvoir algérien qui fait aujourd’hui l’objet d’une sorte de fuite en avant avec l’arrestation de Boualem Sansal» a par ailleurs déclaré Xavier Driencourt. Celui-ci estime qu’elle «s’inscrit dans un continuum d’une très forte dégradation de la relation franco algérienne depuis six mois», renvoyant à la fameuse visite d’Emmanuel Macron à Rabat ainsi qu’au prix Goncourt décerné début novembre au franco-algérien Kamel Daoud.
«Il y a toujours eu des hauts et des bas», dans les relations entre l’Algérie et la France, «mais aujourd’hui on est dans une période baissière» a insisté Driencourt.
Boualem Sansal, écrivain franco-algérien a été arrêté le 16 novembre et placé sous mandat de dépôt dix jours plus tard, après son audition par le parquet antiterroriste d’Alger. Le 29 décembre, lors d’un discours devant le Parlement, le président algérien, Abdelmajid Tebboune a qualifié Sansal d’«imposteur» qui aurait été envoyé par la France.
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