France

Décès d’une femme agonisante non secourue: le procès de l’opératrice du SAMU s’est ouvert

Naomi Musenga est morte à l’hôpital quelques heures après avoir été raillée par une opératrice du Samu qui ne l’a pas prise au sérieux. Six ans plus tard, le procès de cette dernière s’est ouvert ce 4 juillet à Strasbourg. Elle encourt cinq ans d’emprisonnement.


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Le procès de l’opératrice du Samu qui a raillé au téléphone Naomi Musenga, une jeune femme de 22 ans morte quelques heures plus tard à l’hôpital, s’est ouvert ce 4 juillet au tribunal de Strasbourg. Âgée de 60 ans, Corine M. encourt cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende pour «ne pas avoir respecté les protocoles» de prise en charge «et les bonnes pratiques» du Samu, selon le parquet.

«Je souhaiterais m’excuser de tout ça. Je vous demande de m’excuser, c’était inqualifiable», a déclaré l’opératrice, définitivement suspendue du Samu et actuellement au chômage.

La tenue de ce procès, près de six ans après le drame, «est un grand soulagement», a déclaré le 3 juillet la mère de Naomi, Honorine Musenga, lors d’une conférence de presse. La famille veut «la justice», a abondé Louange, sœur de Naomi, et «comprendre» aussi «ce qui s’est passé dans la tête de cette personne». Gloire, frère de la jeune femme décédée, a déclaré souhaiter «un pardon» de la part de l’opératrice «pour ce qu’elle a fait».

«Aidez-moi, madame, aidez-moi, j’ai très mal, je vais mourir»

Le matin de son décès, Naomi Musenga avait appelé les pompiers, qui avaient transféré l’appel au Samu. «Aidez-moi, madame, aidez-moi, j’ai très mal, je vais mourir», peut-on l’entendre supplier, dans l’enregistrement de l’échange téléphonique révélé par le journal alsacien Heb’di en mai 2018. Une publication qui avait fait éclater l’affaire. «Oui, vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde», lui avait rétorqué l’opératrice, employant selon le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) «un ton dur, intimidant et déplacé face à des demandes d’aide réitérées».

Après avoir appelé SOS Médecins, Naomi Musenga a fini par être transportée à l’hôpital de Strasbourg où elle est décédée en fin d’après-midi. Selon l’IGAS, la prise en charge de cette jeune mère est survenue avec «un retard global de près de 2 heures 20».

«On travaille 12 heures d’affilée»

«On est sous pression en permanence, on travaille 12 heures d’affilée, en tout cas à Strasbourg. Ce sont des conditions de travail qui sont pénibles», avait déclaré à des journalistes de la chaîne M6 l’opératrice, dans un reportage diffusé dans la foulée de ces révélations.

«Quand vous avez 2 000 appels – et ça n’excuse rien, je tiens à le préciser – et parfois 3 000 appels par jour et qu’on vous dit “J’ai mal au ventre” […] c’est vrai que le premier réflexe, c’est de penser qu’il n’y a pas d’urgence absolue et qu’il faut aller voir son médecin traitant», avait déclaré en mai 2018 l’avocat de l’opératrice, Maître Olivier Grimaldi, au micro de BFMTV.

Une ligne, sur le rythme de travail des opérateurs du Samu, également soutenue à la barre du tribunal de Strasbourg, ce 4 juillet, par Hervé Delplancq anesthésiste réanimateur et à l’époque responsable du Samu. «Vous êtes dans le tambour de la machine à laver. Vous aimeriez bien que quelqu’un appuie sur le bouton pour que ça s’arrête, mais ça ne s’arrête pas», a-t-il déclaré, déconseillant «à tout jeune régulateur de faire ce métier sur toute sa carrière». Il est celui qui avait transmis l’enregistrement à la famille Musenga.

C’était comme si «quelqu’un poignardait» Naomi «pour mettre fin à sa vie, c’est ça que nous avons ressenti», a déclaré la mère de la jeune femme, évoquant l’écoute de cette bande avec son mari, mort durant la procédure. «Ça nous a fait mal pendant sept ans, pour que nous arrivions à cette journée», a-t-elle ajouté.

Pas de lien de causalité entre le retard de prise en charge et le décès de Naomi

C’était comme si «quelqu’un poignardait» Naomi «pour mettre fin à sa vie, c’est ça que nous avons ressenti», a déclaré la mère de Naomi, évoquant l’écoute de cette bande avec son mari, mort durant la procédure. «Ça nous a fait mal pendant sept ans, pour que nous arrivions à cette journée», a-t-elle ajouté.

Une première expertise, dénoncée par la famille de Naomi, avait conclu à un décès consécutif d’une «intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours». Une piste écartée par une autre expertise, qui avait évoqué l’hypothèse d’un accident vasculaire digestif, ayant entraîné une hémorragie. Aucun «lien de causalité» entre le retard de prise en charge de la jeune femme et son décès n’a été démontré. Selon l’enquête, Naomi se trouvait déjà «au-delà de toute ressource thérapeutique au moment du premier appel au Samu».




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