L’Union européenne envisagerait des représailles commerciales contre les États-Unis si Donald Trump imposait de nouveaux tarifs douaniers sur les importations européennes. Selon le Financial Times, Bruxelles pourrait activer son «instrument anti-coercition» afin de cibler les entreprises technologiques américaines et d’autres secteurs stratégiques.
L’Union européenne préparerait des mesures de rétorsion contre les États-Unis au cas où Donald Trump appliquerait de nouveaux droits de douane sur les importations de produits européens, a révélé ce 5 février le Financial Times (FT).
Selon le quotidien britannique, Bruxelles envisagerait ainsi d’activer son «instrument anti-coercition», un mécanisme conçu pour répondre aux pressions économiques étrangères. Cet outil, qualifié de «bazooka» par la publication, permettrait à l’UE de cibler les grandes entreprises technologiques américaines, les services financiers ainsi que les investissements directs, le tout «sans violer le droit international», a précisé la publication citant un responsable européen.
Lors d’une réunion des ministres du Commerce à Varsovie le 4 février, les États membres se sont majoritairement déclarés favorables à une réponse ferme si Trump venait à mettre ses menaces à exécution. Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a affirmé que l’UE privilégiait une issue diplomatique, mais a averti que «si nous sommes touchés, nous réagirons fermement».
Le 2 février, le président américain Donald Trump a déclaré que les États-Unis imposeraient «sans aucun doute» des droits de douane supplémentaires sur les importations en provenance de l’Union européenne. Selon lui, «ça ne saurait tarder». Une mesure que le président américain justifie par le déficit commercial américain avec l’UE, un argument déjà avancé en 2018 lorsqu’il avait instauré des taxes sur l’acier et l’aluminium européens. À l’époque, Bruxelles avait mis trois mois à riposter avec des taxes sur 2,8 milliards d’euros de produits américains, un délai que l’UE veut éviter cette fois-ci.
«L’Union européenne répondra avec fermeté», affirme Bruxelles
Toutefois, des dissensions subsistent entre les vingt-sept. «Certains États membres hésitent à se lancer dans une guerre commerciale alors que la croissance économique est si faible», rapporte le FT. La ministre néerlandaise du Commerce, Reinette Klever, prévoit un déplacement à Washington en mars afin de «protéger les intérêts néerlandais», poursuit le Financial Times.
De son côté, Laurent Saint-Martin, le ministre français chargé du Commerce extérieur, a dénoncé auprès du FT ces approches individuelles, estimant que «si nous voulons renforcer la puissance économique de l’Europe, nous devons montrer au monde que nous sommes unis».
En cas d’escalade, Bruxelles dispose d’une «longue liste de mesures» ciblées, avait rapporté le 4 février Bloomberg. Parmi les secteurs visés figurent les banques, les assurances et l’agroalimentaire. En 2018, l’UE avait frappé des produits emblématiques comme les motos Harley-Davidson et le bourbon américain.
Enfin, citée par Reuters, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré le 4 février que les Européens seraient «ouverts et pragmatiques» mais feraient «également clairement savoir que nous protégerons toujours nos propres intérêts» si les menaces de Trump se concrétisaient. «Si elle est ciblée de manière injuste et arbitraire, l’Union européenne répondra avec fermeté», avait-elle affirmé la veille à la presse.
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