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Entre le Liban et Israël, un accord sur le tracé des frontières maritimes mais pas de normalisation

Israël et le Liban ont enfin conclu un accord sur la délimitation des frontières maritimes. L'Etat hébreu y voit une «reconnaissance» officielle tandis que pour Beyrouth cet accord est apolitique. Une position partagée également par le Hezbollah.

Le Liban et Israël – pays voisins officiellement en état de guerre – ont conclu ce 27 octobre un accord délimitant leur frontière maritime après des mois de négociations ardues par l’intermédiaire des Etats-Unis, qui assure la répartition de précieux gisements gaziers offshore en Méditerranée orientale.

Le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a affirmé que cet accord constituait une «reconnaissance» de fait de l’Etat hébreu par Beyrouth, mais le président libanais Michel Aoun, allié du Hezbollah pro-iranien, a rétorqué qu’il n’y avait aucune «dimension politique».


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Le président américain Joe Biden a pour sa part félicité les deux pays pour «la conclusion officielle de leur accord visant à résoudre leur litige frontalier maritime de longue date».

Yaïr Lapid et le président libanais Michel Aoun ont chacun de leur côté signé l’accord 27 octobre. Puis, les deux pays ont procédé à un échange de lettres qui a marqué la conclusion formelle de cet accord, lors d’une cérémonie au siège de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dans la localité frontalière libanaise de Naqoura, en présence du médiateur américain Amos Hochstein et de la coordinatrice spéciale de l’ONU au Liban Joanna Wronecka.

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«Il s’agit d’un accomplissement politique, ce n’est pas tous les jours qu’un Etat ennemi reconnaît l’Etat d’Israël dans un accord écrit et ce, devant l’ensemble de la communauté internationale», a affirmé Yaïr Lapid.


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En d’autres termes, pour les autorités israéliennes cet accord signifierait ni plus ni moins qu’une reconnaissance de facto de la part de Beyrouth. En effet, depuis la création de l’Etat hébreu en 1948, le Liban ne reconnaît pas officiellement Israël et emploie la dénomination de «Palestine occupée» pour parler de sa frontière sud.

D’ailleurs dans un tweet, le président libanais a tenu à préciser qu’il s’agissait d’un accord purement «technique», sans aucune «dimension politique», ni «conséquences qui contredisent la politique étrangère du Liban». La délégation libanaise «ne rencontrera en aucune manière la délégation israélienne», avait également souligné le porte-parole de la présidence libanaise Rafic Chelala.

De son côté, en raison de l’accord entre les deux pays, le Hezbollah, par l’intermédiaire de son secrétaire général Hassan Nasrallah, a annoncé le 27 octobre que sa formation mettait fin à toutes les mesures militaires «exceptionnelles» des derniers mois face à Israël. Toutefois, le chef du parti iranien a stipulé que cet accord «n’implique pas de normalisation» avec Israël. «Les responsables au Liban ont agi avec précaution pour ne pas donner un soupçon de normalisation», a-t-il ajouté.

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De surcroît, Beyrouth a exigé que sa délégation n’ait aucun contact officiel avec celle de l’Etat hébreu au cours de la signature, exigeant que la cérémonie se tienne dans deux salles séparées.

Les médias n’ont pas eu accès au bâtiment, autour duquel des Casques bleus et l’armée libanaise étaient déployés, alors que des hélicoptères de la Finul survolaient le secteur, selon un photographe de l’AFP. Pour le Liban, englué dans une profonde crise économique, cet accord intervient à quelques jours de la fin du mandat de Michel Aoun, sans qu’un successeur lui soit trouvé. Il intervient aussi peu avant les élections législatives du 1er novembre en Israël, pour lesquelles Yaïr Lapid est en campagne.

L’accord, qui va permettre aux deux pays d’exploiter des gisements gaziers en Méditerranée orientale, a été conclu grâce à des années de médiation américaine.

Bientôt des retombées économiques pour le Liban ?

Ce gaz permettra, selon les autorités israéliennes, de réduire le coût de l’énergie du pays mais aussi de doper les exportations vers l’Europe, qui cherche à diversifier ses approvisionnements du fait du conflit en Ukraine et des sanctions prises contre la Russie. En vertu de l’accord, le champ offshore de Karish se situe entièrement dans les eaux israéliennes.

Le Liban pour sa part aura tous les droits d’exploration et d’exploitation du champ de Cana, situé plus au nord-est, dont une partie se situe dans les eaux territoriales d’Israël. Mais «Israël sera rémunéré» par la firme exploitante Cana «pour ses droits sur d’éventuels gisements», selon le texte.

Amos Hochstein a estimé devant la presse que l’accord permettait de «créer de l’espoir et des opportunités économiques» et d’instaurer «la stabilité» pour les deux parties. Il s’est déclaré convaincu que l’accord pourrait constituer «un tournant économique» pour le Liban et ouvrir «une nouvelle ère d’investissements» qui pourrait relancer l’économie. En effet, si des gisements gaziers sont découverts à Cana, cela pourrait être une opportunité économique non négligeable pour un Liban plongé dans une crise multidimensionnelle. 

Sans même attendre la signature, le groupe énergétique Energean a lancé le 26 octobre la production de gaz naturel sur le gisement de Karish, après avoir reçu le feu vert du gouvernement israélien.

Le Liban a de son côté demandé à TotalEnergies d’entamer rapidement les travaux de prospection dans le champ de Cana. L’accord n’aurait pas pu être signé sans l’assentiment du puissant Hezbollah au Liban, qui avait menacé au cours de l’été d’attaquer Israël s’il entamait l’extraction du gaz du champ de Karish avant la conclusion d’un accord.




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