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France : ce nouveau plan banlieue qui peine à convaincre

Quatre mois après les émeutes qui ont secoué la France, la Première ministre Élisabeth Borne a présenté le 26 octobre son «plan anti-émeute» ainsi qu’une aide financière aux banlieues concernées. Des mesures qui ne font pas l’unanimité chez les élus.

«On tirerait au sort dans la rue un-e premier ministre, il ou elle serait meilleur-e». Tels sont les mots, postés sur X (ex-Twitter), par le maire de Corbeil-Essonne Bruno Piriou (DVG) qui assistait à l’intervention d’Élisabeth Borne à la Sorbonne.

Depuis l’université parisienne, le chef du gouvernement présentait le 26 octobre son «plan anti-émeutes» devant les maires. Des mesures qui se veulent une réponse aux nuits d’émeutes, de saccages de bâtiments publics et de pillages, qui ont secoué fin juin de nombreuses villes françaises. Des émeutes, dont les dégâts ont été chiffrés à 650 millions d’euros par les assureurs, à la suite de la mort du jeune Nahel, tué par un tir de la police en banlieue parisienne.

Afin de répondre à cette «crise de l’autorité», Élisabeth Borne a notamment annoncé que l’amende pour non-respect du couvre-feu sera portée à 750 euros et qu’un encadrement par des militaires sera «envisagé» pour les jeunes délinquants «afin de transmettre des valeurs de discipline et de dépassement de soi».

Un coup au portefeuille des plus défavorisés ?

Des annonces qui sont loin d’avoir convaincu tous les élus et observateurs de la vie politique, à en croire certaines de leurs réactions ce 27 octobre, notamment à gauche où on dénonce une mesure inégalitaire et autoritaire. Un «ordre inégalitaire et discriminant  pour les habitants des quartiers populaires», dénonce sur X la députée France Insoumise Rachel Keke.

Invité du service public, Stéphane Troussel, président socialiste de Seine Saint-Denis, a dénoncé des «injonctions infantilisantes», regrettant que ces mesures puissent concerner «surtout des enfants de pauvres». Une critique en partie reprise par le maire communiste de Bonneuil-sur-Marne, Denis Öztorun Ömür qui au micro de Jean-Jacques Bourdin préconise «d’aider les parents plutôt que de les sanctionner», attirant tout particulièrement l’attention sur les difficultés des familles monoparentales.

Face à lui le Républicain Bruno Beschizza, maire d’Aulnay-Sous-Bois, a souligné qu’au regard des dégâts subis par sa commune, il «faisait déjà 1/10e de l’enveloppe» de 100 millions d’euros annoncée par le Premier ministre pour la réparation des bâtiments touchés durant les émeutes.

«Laxiste» et «affligeant de nullité»

D’autres en revanche estiment que ces mesures sont loin d’être à la hauteur. «On dirait une assistance sociale monitorée par Mckinsey» raille sur les ondes de Sud Radio le chroniqueur Guillaume Bigot, également membre du Front Populaire. Ce dernier fustige un discours «laxiste» et «affligeant de nullité», soulignant au passage que la responsabilité financière des parents s’arrête généralement à leur solvabilité.

«Si on augmente les amendes pour non-respect des couvre-feux, c’est bien parce qu’on s’attend à devoir instaurer de futurs couvre-feux», estime pour sa part un journaliste du service politique de RTL, voyant plutôt dans ces mesures une «préparation» que des moyens d’«éviter» de futures émeutes. Un retour de la notion de couvre-feu dans le débat public qui en inquiète d’autres à l’image du président des Patriotes Florian Philippot qui y voit un calcul de l’exécutif.

D’autres encore perçoivent dans ces mesures un déjà-vu. Sur les réseaux sociaux, des internautes soulignent que la responsabilité des parents pour les faits commis par leurs enfants est déjà inscrite dans le Code civil. Même chose concernant l’encadrement par l’armée qui depuis 2005 forme et resocialise de jeunes adultes volontaires à travers des Centres d’insertion intensifs (Epides).




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