La récente alerte sur le risque de diffusion de la variole du singe en France a de nouveau mis en lumière un édifice sanitaire fragile, avec des services d’urgence saturés, la suppression de 1 500 postes d’internes et des décès qui auraient pu être évités dans des hôpitaux surchargés.
Les urgences d’«une cinquantaine d’hôpitaux» français «sont actuellement en tension». Le ministre délégué à la Santé démissionnaire, Frédéric Valletoux, s’est ainsi inquiété le 20 août dans le quotidien Ouest-France, sans pour autant préciser combien d’établissements avaient dû fermer totalement ou partiellement.
Depuis l’annonce de la propagation du mpox, ou variole du singe, les médias français se font largement l’écho de l’ état inquiétant des services de santé. De nombreux services d’urgences sont contraints de fermer temporairement cet été en raison d’un manque de professionnels et d’un surcroît d’activité, rapportent-ils ainsi.
Dans le Vaucluse, les urgences de l’hôpital de Carpentras sont ouvertes seulement le matin depuis le 20 août, et ce, pour les trois prochains mois. Une ville comme Laval, en Mayenne, ne verra son service des urgences ouvrir que six nuits pour l’ensemble du mois de septembre. Les exemples sont légion et évoqués partout en France dans les radios locales.
Les coupes budgétaires coupables
Le manque d’effectifs en période de vacances est en cause ainsi que les coupes budgétaires. Ainsi, 1 500 postes d’internes hospitaliers ont été supprimés cette année, provoquant la colère des étudiants en médecine. Le collectif Médecins pour demain dénonce les «mauvaises conditions de travail dans la profession». Une situation qui tourne au drame dans certains établissements.
Les internes en médecine générale préfèrent redoubler que de choisir une spécialité que ils ne veulent pas et des mauvaises conditions de travail
Et c est normal
Il faut des moyens pour s’installer, s’équiper en matériel, embaucher.
Afin de bien travailler @ISNItwitpic.twitter.com/krhD5icxGt— Médecins Pour Demain (@MedPourDemain) August 18, 2024
Nantes : quatre victimes sans prise en charge, selon les syndicats
En Loire-Atlantique, au CHU de Nantes, une infirmière a découvert un patient mort dans un couloir. Selon un syndicaliste interrogé à la télévision, la professionnelle de santé a «bousculé un peu le brancard, ça arrive, elle s’est excusée mais la personne n’a pas bougé et elle s’est aperçue qu’elle était morte». Les représentants du personnel affirment que quatre patients sont morts en quelques semaines en raison du délai d’attente trop long aux urgences.
La CGT du CHU de Nantes n’hésite pas à reprendre la communication du député local de La France insoumise, Andy Kerbrat, lequel met en cause «les ministres démissionnaires» chargés «de la santé» qui sont, selon lui, «incapables d’entendre ce cri du cœur».
Dans un communiqué de presse publié ce 21 août, la centrale syndicale évoquait «des services d’urgences au bord de l’effondrement». Le secrétaire adjoint du CHU de Nantes Patrice Le Luel estime ainsi que «ce qui bloque, ce qui met des difficultés dans la fluidité des urgences, c’est bien sûr, les lits qui manquent cruellement au CHU de Nantes, qui entraînent plusieurs dizaines d’heures d’attente sur des brancards». Face à cette situation, une manifestation est prévue le 22 août devant la préfecture de Loire-Atlantique à l’appel de plusieurs centrales syndicales. Elles demandent notamment que des choix politiques soient faits afin de débloquer des fonds pour l’hôpital public.
Les services d'urgences au bord de l'effondrement… pic.twitter.com/bM5nfVH3pB
— CGT CHU Nantes (@CgtChuNantes) August 21, 2024
Éprouvé par le manque d’effectifs et de moyens, l’hôpital public français l’est aussi pour son état de délabrement. À Marseille par exemple, des punaises de lit ont été retrouvées dans l’Hôpital nord, au service d’accueil des urgences, le 20 août. Là encore, ce sont les syndicats qui ont tiré la sonnette d’alarme. La ville avait déjà vu un musée fermer ses portes au début du mois de juillet du fait de la présence de ces nuisibles.
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