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Fusillade à Paris : la garde à vue du suspect prolongée, la motivation raciste retenue

La garde à vue de l'homme âgé de 69 ans soupçonné d'avoir tué trois Kurdes et d'avoir blessé trois autres personnes à Paris le 23 décembre a été prolongée et le mobile raciste ajouté à l'enquête ouverte par le parquet de Paris.

Garde à vue prolongée, ce 24 décembre, pour l’individu suspecté d’avoir abattu la veille trois personnes et d’en avoir blessé trois autres en plein cœur de Paris. Le parquet a annoncé que «le mobile raciste des faits» avait été «ajouté» à l’enquête ouverte pour assassinats, tentatives d’assassinat, violences avec arme et infractions à la législation sur les armes. «L’ajout de cette circonstance ne modifie pas la peine maximale encourue, qui demeure la réclusion criminelle à perpétuité», a-t-il précisé.

Le suspect, un conducteur de train retraité de nationalité française âgé de 69 ans, avait indiqué dès son interpellation avoir agi parce qu’il était «raciste», selon une source proche du dossier citée par l’AFP, confirmant une information du JDD. Peu avant midi le 23 décembre, devant un centre culturel kurde situé rue d’Enghien, dans le Xe arrondissement de la capitale, il a tué avec une arme de poing deux hommes et une femme et blessé trois autres hommes, dont un sérieusement, selon le dernier bilan.

Le suspect a été maîtrisé par plusieurs personnes dans un salon de coiffure à proximité avant d’être arrêté puis placé en garde à vue. A côté de lui a été découverte «une mallette» contenant «deux ou trois chargeurs approvisionnés, une boîte de cartouches calibre 45 avec au moins 25 cartouches à l’intérieur», a ajouté la même source. L’arme utilisée est un «Colt 45 de 1911» de l’armée américaine «d’apparence usée».

Vif émoi de la communauté kurde

La femme tuée, Emine Kara, était une responsable du Mouvement des femmes kurdes en France, selon le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F). Elle avait fait une demande d’asile politique «rejetée par les autorités françaises», selon le porte-parole du mouvement, Agit Polat.


Paris : échauffourées près des lieux de la fusillade meurtrière

Les deux hommes décédés sont Abdulrahman Kizil, «un citoyen kurde ordinaire» qui fréquentait «quotidiennement» l’association, et Mir Perwer, un artiste kurde reconnu comme réfugié politique et «poursuivi en Turquie pour son art», selon le CDK-F. Une source policière a confirmé à l’AFP les identités d’Emine Kara et d’Abdulrahman Kizil.

L’émotion a gagné la communauté kurde très présente dans ce quartier, qui a évoqué un acte «terroriste» et mis en cause la Turquie. Dans la foulée de la fusillade, de violents incidents ont éclaté avec les forces de l’ordre.

Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a reçu ce 24 décembre des responsables de la communauté kurde.

La piste terroriste écartée

La piste d’un attentat terroriste a été écartée à ce stade des investigations, suscitant l’incompréhension et la colère du CDK-F. «Le fait que nos associations soient prises pour cible relève d’un caractère terroriste et politique», a déclaré Agit Polat après sa rencontre avec le préfet de police. «Nul doute pour nous que ce sont des assassinats politiques».

Le suspect, qui fréquentait un stand de tir, a «voulu s’en prendre à des étrangers» et «manifestement agi seul», avait estimé le 23 décembre le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. «Il n’est pas sûr que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes […] l’ait fait spécifiquement pour les Kurdes», avait-il souligné devant la presse.

«Rien ne permet à ce stade d’accréditer une quelconque affiliation de cet homme à un mouvement idéologique extrémiste», avait pour sa part indiqué la procureure de Paris Laure Beccuau. Il est inconnu des services de renseignements et «n’était pas fiché comme étant quelqu’un de l’ultradroite», selon Gérald Darmanin.

Un individu fraîchement remis en liberté

Le tireur présumé est mis en examen depuis décembre 2021 pour violences avec armes, avec préméditation et à caractère raciste, et dégradations pour des faits commis le 8 décembre 2021. Il est soupçonné d’avoir blessé à l’arme blanche des migrants d’un campement du XIIe arrondissement et d’avoir lacéré leurs tentes.

Après un an en détention provisoire, il a été remis en liberté le 12 décembre, comme l’exige la loi, et placé sous contrôle judiciaire, selon la procureure. Il a en outre été condamné en 2017 à six mois de prison avec sursis pour détention prohibée d’armes et, en juin dernier, à 12 mois d’emprisonnement pour des violences avec armes commises en 2016. Il a fait appel de cette condamnation.

Le matin des faits, «il n’a rien dit en partant […] Il est cinglé. Il est fou», a déclaré à l’AFP le père du suspect, âgé de 90 ans, le décrivant comme «taiseux» et «renfermé».




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