Le ministre de la Justice français Didier Migaud a menacé le 14 octobre de quitter le gouvernement si le budget de son ministère n’était pas revu à la hausse. Il déplore un rabot de 500 millions d’euros pour la Justice dans le cadre des économies budgétaires.
« Qu’il s’en aille ». C’est la formule lapidaire de l’ancien député Rassemblement national (RN) Grégoire de Fournas au sujet du ministre de la justice Didier Migaud. Ce dernier avait menacé le 14 octobre de démissionner faute d’amélioration de son budget. Pour l’aile droite du gouvernement et pour le RN, ce ministre venu du Parti socialiste est considéré comme trop laxiste.
Qu’il s’en aille. https://t.co/Gadj8pzDZ5
— Grégoire de Fournas (@gdefournas) October 14, 2024
Interrogé au micro de RTL le ministre avait affirmé le 13 octobre : « Si on en reste à la lettre plafond, oui, je ne vois pas ce que je ferais encore au gouvernement », nuançant néanmoins son propos en affirmant juste après: « Je fais confiance au Premier ministre, qui m’a donné des assurances ».
Didier Migaud s’est en outre dit « mobilisé pour que des ajustements à la hausse puissent être proposés », évoquant le dépôt d’un amendement « par le gouvernement dans le cadre de la discussion parlementaire pour rehausser un certain nombre de budgets ». Le Garde des sceaux admet néanmoins que les près de 500 millions d’euros de moins dans son budget ne seront «peut-être pas» retrouvés dans leur «totalité».
Une pression à droite mais aussi à gauche
Si le ministre est tancé sur sa droite, notamment au sein du gouvernement où il a connu une passe d’armes avec le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, il doit aussi faire face à des critiques sur sa gauche, lui qui fut membre du Parti socialiste (PS).
La syndicaliste Unité-magistrat FO, Béatrice Brugère a ainsi réclamé « un choc de gouvernance » de la part du Garde des sceaux. Plus à gauche, le SNPES-PJJ-FSU s’est moqué des menaces de départ du ministre sur le réseau social X en écrivant : « Retenez-moi ou je pars ! ». Enfin, le Syndicat de la magistrature fustige dans un communiqué le « désenchantement » de l’institution judiciaire et des arbitrages budgétaires, « proprement catastrophiques pour la justice ».
Loin de l'apparente sanctuarisation du budget justice 2025, le coup de rabot de 440 millions est une catastrophe.
Notre justice, qui est déjà l'une des plus pauvres d'Europe, est de nouveau abandonnée par les pouvoirs publics.
Notre communiqué de presse 👇 pic.twitter.com/jp9F5cVscO
— SMagistrature (@SMagistrature) October 15, 2024
Du côté de l’Assemblée, le ministre de la Justice a déjà été interrogé par des membres de l’opposition de gauche sur son futur budget. Le 9 octobre, Sandra Régol, député du Bas-Rhin lui demandait ainsi en commission : « Le gouvernement compte-t-il enfin augmenter le budget de la justice au service de tous les Français ? »
Le budget de la Justice, rendu public le 10 octobre, s’élève à 10,24 milliards d’euros pour 2025, soit près d’un demi milliard d’euros de moins que ce qui était initialement prévu par la loi de programmation de la justice, adoptée en octobre 2023. Ce texte, défendu par l’ancien ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, prévoyait notamment l’embauche en cinq ans de 10 000 personnes, dont 1 500 magistrats et 1 800 greffiers.
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