Selon The Times, l’Ukraine ne disposerait que d’une cinquantaine de missiles ATACMS, contraignant Kiev à sélectionner «avec soin» ses cibles en territoire russe. La Défense russe a annoncé, le 19 novembre, avoir abattu cinq de ces missiles longues portées américains lors d'une frappe contre la région frontalière de Briansk.
Selon un article du Times, paru le 19 novembre, l’Ukraine ne disposerait «que d’une cinquantaine de missiles» ATACMS «à ce stade», décrivant un approvisionnement au compte-goutte de ces missiles prisés des alliés de Washington. Une réalité dont avait d’ailleurs déjà fait part le Wall Street Journal, le 9 novembre, révélant qu’une «récente demande» de Volodymyr Zelensky pour une livraison prioritaire au détriment d’autres clients aurait été rejetée par le patron du Pentagone, Llyod Austin, qui aurait répondu que c’était «beaucoup demander».
Ces missiles semi-balistiques, tirés depuis les lance-roquettes multiples HIMARS, font partis des armements occidentaux régulièrement présentés comme des «game-changer» pour Kiev. Néanmoins, selon le quotidien britannique, «les commandants militaires ukrainiens devront choisir avec soin lorsqu’ils sélectionneront des cibles à l’intérieur de la Russie pour l’attaque».
Cet article est paru le jour même de l’annonce, par le ministère russe de la Défense, du tir de six de ces missiles longue-portées contre la région frontalière de Briansk. Selon le ministère, cinq d’entre eux ont été interceptés par les défenses aériennes.
Washington refuse toujours de confirmer son feu vert à Kiev
Le président américain Joe Biden aurait récemment levé les restrictions qui empêchaient Kiev d’utiliser ces armes pour frapper en profondeur sur le territoire russe, rapportait le 17 novembre le New York Times. Une décision que les responsables de l’administration Biden, sollicités par des journalistes, ont jusqu’à présent refusé de commenter.
Cette décision, à deux mois d’un changement d’administration aux États-Unis, marque un tournant. Depuis l’éclatement du conflit ukrainien, la Maison Blanche s’était refusée à franchir le pas d’autoriser Kiev, malgré les demandes insistantes, de tirer ces missiles américains dans la profondeur du territoire russe, de crainte de provoquer une escalade avec Moscou.
En septembre, le président russe Vladimir Poutine avait averti que de telles frappes modifieraient «l’essence et la nature même du conflit». «Cela signifiera que les pays de l’OTAN, les États-Unis et les pays européens sont en guerre contre la Russie», avait-il averti.
Le même jour que l’annonce par la Défense russe de la destruction de ces ATACMS, le président russe a signé un décret approuvant l’actualisation de la doctrine nucléaire. Annoncée fin septembre, celle-ci élargit les possibilités de recours à l’arsenal nucléaire, en considérant notamment comme une «attaque conjointe» toute agression menée par un État non nucléaire mais soutenu par un pays doté.