En affirmant vouloir porter le nombre de jours de carence d'un à trois, le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian s’est attiré les foudres des partis de gauche mais a pu compter sur le soutien du Rassemblement national.
«Alors que les salaires des fonctionnaires sont déjà plus bas, qu’ils manquent de moyens et de postes, il est inacceptable que le gouvernement annonce faire des économies sur leur dos». Le coordinateur national des Insoumis Manuel Bompard s’est indigné le 28 octobre sur le plateau de la radio publique France Inter de la mesure défendue par le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian consistant à porter le nombre de jours de carence d’un à trois dans la fonction publique.
Contrairement au public, 75% des entreprises compensent les jours de carence.
Alors que les salaires des fonctionnaires sont déjà plus bas, qu'ils manquent de moyens et de postes, il est inacceptable que le gouvernement annonce faire des économies sur leur dos. pic.twitter.com/xvZOyOc4D0
— Manuel Bompard (@mbompard) October 28, 2024
Plus généralement, le chef de file du parti fondé par Jean-Luc Mélenchon qualifie la mesure de «scandaleuse» et s’est montré favorable à une «uniformisation des conditions de travail des salariés du privé et du public mais sur la base de ce qui est le plus favorable pour eux». Le ministre de la Fonction publique expliquait le 27 octobre 2024 sur son compte X qu’«en 10 ans, le nombre de jours d’absence a augmenté de 80% dans la fonction publique». Le même jour, il annonçait un plan de lutte contre l’absentéisme des fonctionnaires dans le journal Le Figaro et communiquait sur X sur sa volonté de d’économiser 1,2 milliard d’euros en limitant les remboursements des arrêts maladie à 90 %.
Cet absentéisme coûte 15 milliards d’€. Nous devons agir.
C’est le sens de ces mesures d’alignement sur le privé :
👉 Passer le nombre de jours de carence d'un à trois.
👉 Limiter les remboursements des arrêts maladie à 90%.🚀Concrètement, c’est 1,2 milliard d’€ d’économisé. pic.twitter.com/EU8dMC8yQg
— Guillaume Kasbarian (@guillaumekasba) October 27, 2024
En France, le «délai de carence» constitue la période de temps qui court entre le jour de la constatation de la maladie et le jour à compter duquel les indemnités journalières sont payées par l’organisme de sécurité sociale. Dans le privé, le salarié malade va recevoir des indemnités journalières après trois jours, c’est-à-dire à partir du quatrième jour. Dans le public, après une journée, c’est-à-dire le deuxième jour.
La gauche en opposition, le RN en soutien
Sandrine Rousseau, élue Écologistes, a répondu dans l’heure au ministre, évoquant «la souffrance au travail partout» et d’expliquer: «parce que le service public s’effondre avec lui la raison de faire ces métiers». Le 28 octobre elle a précisé que «les fonctionnaires ne sont pas des profiteurs mais les agents par lesquels on accède aux besoins essentiels […] de manière protégée du marché».
Les fonctionnaires ne sont pas des profiteurs mais les agents par lesquels on accède aux besoins essentiels (éducation, santé, sécurité…) de manière protégée du marché. #Rappel
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) October 28, 2024
De l’autre côté de l’hémicycle, le Rassemblement national (RN) s’est montré favorable à la mesure alors que le programme de Marine Le Pen en 2022 défendait l’idée d’un alignement du régime de la fonction publique sur le secteur privé en établissant à deux jours le délai de carence pour tous.
Jordan Bardella, actuel président du parti, s’est ainsi montré favorable à la mesure proposée par le ministre. Il a cependant précisé que celle-ci devait servir au financement de «mesures en faveur du pouvoir d’achat des fonctionnaires et notamment le paiement des heures supplémentaires dues».
Je suis favorable à l'ajustement des jours de carence entre le public et le privé, mais il faut que les économies réalisées financent des mesures en faveur du pouvoir d'achat des fonctionnaires et notamment le paiement des heures supplémentaires dues. #Les4Vpic.twitter.com/zwMWs5BXEY
— Jordan Bardella (@J_Bardella) October 28, 2024
Des amendements au projet de loi de finances intégrés par le ministre devraient permettre la mise en place cette mesure en passant le nombre de jours de carence d’un à trois puis d’aligner les remboursements des arrêts maladie «en les limitant à 90%», comme dans le privé.
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