Chroniques

Instauration du QR Code, société orwellienne : Paris, les Jeux de la Terreur

À moins de 100 jours de l'ouverture des Jeux olympiques de Paris, la grande fête du sport s'apparente de plus en plus à une dystopie. L’on ne parle que de terrorisme, de surveillance de la population, de QR Codes. Finalement, ces JO sont à l’image de la société post-humaine portée par la globalisation. Par Karine Bechet-Golovko.


QR codes pour les Jeux de Paris : le dispositif sécuritaire et Darmanin sous le feu des critiques

L’annonce des JO, qui doivent se tenir à Paris du 18 au 26 juillet, rappelle plus les vieux romans d’anticipation, avec leurs dystopies tristes, qu’une fête du sport, des qualités humaines du dépassement de soi et du respect de l’autre. L’on ne parle que de terrorisme, de surveillance de la population, de QR Codes. Des JO finalement à l’image de la société post-humaine portée par la globalisation. Délectez-vous !

Pour résumer la situation, les Jeux olympiques 2024 se dérouleront sous le double signe du terrorisme et des QR Codes. Le premier étant censé justifier les seconds. Cela fait plusieurs mois que l’on n’entend parler que de menace terroriste, d’une menace exceptionnelle, qui doit justifier par le simple fait qu’elle soit énoncée des mesures elles-mêmes exceptionnelles.

Ainsi, bien loin de parler de l’aménagement des équipements sportifs à Paris et de la préparation des festivités, nous apprenons surtout le débarquement de policiers et militaires étrangers pour protéger la pauvre population parisienne, mise en danger par la flamme olympique. Il semblerait, à en croire la Place Beauvau, que la tenue de cet événement «expose la France à un risque de mobilisation accrue de la mouvance islamiste et djihadiste», ajoutant que «la surexposition médiatique peut avoir un effet galvanisant sur certains profils radicaux». Et nous qui attendions bêtement une grande fête, les JO pouvant être l’occasion d’une grande communion nationale. Mais ça, c’était manifestement avant.

Un nouveau spécimen de Parisien : le QR Codé

Que nenni. Les JO de Paris seront l’occasion d’une partition de la société : pour des raisons de «sécurité» – et puisqu’on nous le dit, on va docilement le croire – Paris sera zoné. L’accès à ces zones olympiques devra être justifié. Bref, si vous pensiez venir faire un tour à Paris pour simplement profiter de l’ambiance de fête, n’achetez pas de billet. Sauf, si vous avez envie de voir grandeur nature à quoi pourrait ressembler la réalisation pour quelques jours d’une utopie triste.

Alors que pendant la gouvernance globalisée covidienne de nos sociétés, les gens étaient classifiés sur critère sanitaire, différenciés en «sains», munis de leur QR Code, et douteux, qui eux n’avaient pas le fameux sésame, ici vous devez avoir votre pass sécurité, qui remplit la même fonction que le pass sanitaire : protéger la société d’un danger impalpable et diffus autant que mortel, mais politico-médiatiquement imposé comme tel. Ici aussi, les QR Codés donneront accès à une classe sociale privilégiée puisque non dangereuse, qui cette fois-ci pourra accéder à plusieurs quartiers de Paris, puisque le lieu de déroulement des JO reçoit une appellation hautement romantique, Silt, comme Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme. Rien à dire, ça donne envie… Et il s’agit quand même, avec une diversification du droit d’accès et de circulation, d’une superficie considérable : «Ce QR Code sera donc obligatoire pour se déplacer dans certaines zones proches de la Seine, à pied ou à vélo, dans le périmètre Silt des Jeux olympiques. Le secteur de plusieurs kilomètres carrés suit le cours de la Seine dès Ivry-sur-Seine avant de rejoindre le centre de Paris. Il s’étend également à l’île Saint-Louis et l’île de la Cité ainsi qu’à plusieurs rues de la capitale.»

Donc, pour accéder au cœur de Paris, il faudra en justifier la raison et avoir un QR Code, dans la plus pure tradition orwellienne. Pour obtenir ce QR Code, vous devez justifier de votre identité et de votre raison de vous rendre dans le périmètre sacré. Les simples badauds peuvent envoyer se balader ces exigences… et ne pas voir les JO. Mais ceux, qui y habitent ou y travaillent n’ont pas le choix : ils doivent transmettre leurs données personnelles, qui seront dûment vérifiées. Ils n’ont aucun moyen de couper à cette atteinte à leur liberté, sauf à déménager ou à démissionner.

2 185 militaires et policiers étrangers dans la capitale

Mais les Parisiens, et les curieux des systèmes carcéraux à ciel ouvert, que l’on appelle des systèmes de semi-liberté, pourront être rassurés. Macron, qui voulait tant envoyer des militaires sur le front ukrainien contre la Russie, n’est même pas capable d’assurer la sécurité de la ville et du pays pendant moins de dix jours d’été. Même les appels d’offres à des sociétés privées de vigiles n’ont pas été suffisants. Certes, mais qu’importe la dévastation des forces de sécurité françaises, nous vivons dans un monde global et ainsi le gouvernement a eu l’idée de génie de mettre en place ce qu’il a pompeusement appelé «une coalition internationale». Avant l’on parlait de coalition internationale pour les interventions militaires à l’étranger. Mais cela aussi, c’était avant. Nous apprécierons le parallèle à sa juste valeur. Donc, cette «coalition internationale» comprendra 2 185 militaires et policiers, venus de 46 pays… et qui pourront être armés. Ainsi une véritable petite armée se prépare à entrer en guerre sur le territoire français, pardon à protéger la population, puisque l’on parle de rien moins que 35 000 membres des forces de l’ordre, chiffre pouvant monter à 45 000 pour la cérémonie d’ouverture. Ils ne veulent pas défiler, tant que l’on y est ? Non ? Ah, pardon, j’avais oublié, le 14 juillet sera passé.

À cette occasion de la grande fête des JO, le dispositif, que l’on pourrait logiquement attendre ressortir de la sécurisation a été rebaptisé «dispositif d’entrave en matière de lutte contre le terrorisme». C’est toujours pour que l’on se sente mieux protégé, en sécurité. Et cela a un prix : celui de la surveillance – puisque c’est pour votre bien, vous n’allez quand même pas râler ?! Bref, nous ne sommes plus dans le maintien de l’ordre classique, mais dans la lutte contre le terrorisme. Vive les JO !

Un côté festif… totalement passé aux oubliettes

Ce déplacement du curseur doit permettre de justifier, que sous les doux auspices de la DGSI, toute personne fichée au Fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) – soit 20 120 personnes, dont 5 100 faisant l’objet d’un suivi actif, et parmi eux, des étrangers en situation irrégulière et vivant tranquillement en France – pourrait faire l’objet d’une mesure d’entrave, quelle qu’en soit la nature. En cas de menace avérée, le Parquet anti-terroriste sera saisi de l’affaire, sinon un rapport de signalement sera établi et les mesures d’éloignement du territoire pourront être facilitées.

Et immédiatement, une interrogation surgit : si ces gens sont à ce point dangereux, pourquoi sont-ils en liberté ? S’ils sont étrangers, pourquoi ne sont-ils pas expulsés, surtout lorsqu’ils sont officiellement connus comme étant en situation irrégulière, ce qui est déjà le cas de 193 personnes de ce fichier ?

D’une manière générale, si l’on oublie le côté festif des JO, qui logiquement devrait être central mais semble totalement passé ici aux oubliettes, nous sommes face à une alternative, qui dans les deux cas n’est pas très favorable à ce gouvernement.

Soit il existe un véritable risque de sécurité, tel qu’il nécessite effectivement la mise en place de ce dispositif et alors cela signifie l’échec des gouvernements successifs, qui depuis des dizaines d’années mettent en place une politique néolibérale globaliste de plus en plus radicale, et qui n’ont réussi qu’à fracturer la société, à l’ensauvager.

Soit ce risque sécuritaire ne présente pas un tel degré d’intensité, pour qu’il justifie de relever de la lutte active contre le terrorisme sur le sol national, et le danger relève plus d’une fantasmagorie morbide de nos gouvernants, surfant sur les dérives technologico-totalitaires, devant à terme justifier l’augmentation du degré de contrôle social, accepté par la population. Sachant qu’une fois un stade passé, l’on ne revient jamais réellement en arrière. Comme l’écrivait Barjvel dans Ravages, «parce que le progrès moral de ces hommes est loin d’avoir été aussi rapide que le progrès de la science, ils tournent celle-ci vers la destruction». En voyant ces dérives, l’on aurait tendance à être plus pessimiste que Barjavel, en notant une accélération non pas du progrès scientifique, mais de la dégradation morale de ces sociétés, tombées dans le chaudron de la globalisation, sociétés appelées post-humaines. L’humanité ici n’est pas mise en danger par une technologie, qui remplacerait l’homme, comme dans les ouvrages d’anticipation encore des années 50 du siècle dernier, mais par la perte des vertus humaines, des valeurs, de ce petit supplément d’âme.

Autrement dit, nous vivons une époque merveilleuse. L’important étant d’en sortir ! Au plus vite.




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