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JO-2024 : inquiétudes pour un hôpital français «à bout de bras»

Afflux de touristes, risque de canicule, urgences saturées : pour le secteur hospitalier français, fragilisé chaque été quand les soignants partent en vacances, les Jeux olympiques représentent un défi organisationnel.

Jusqu’à 15 millions de touristes, 15 000 athlètes et 40 000 représentants des médias sont attendus en France pour les Jeux olympiques (26 juillet-11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre), un afflux susceptible de représenter un défi pour les structures de Santé du pays, qui peinent déjà à gérer le quotidien.

Les prévisions de l’Office de tourisme de Paris sont toutefois «rassurantes», avancent plusieurs travaux parlementaires: les supporters devraient pour beaucoup «remplacer» les touristes habituels, qui préfèreront éviter la cohue. Plusieurs festivals sont aussi annulés. L’organisme attend 150 000 personnes supplémentaires par jour par rapport à un été normal, qui pourraient se traduire par «150 passages aux urgences» quotidiens de plus, analysait en mai la direction de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris, (AP-HP, 38 hôpitaux en région parisienne), au cœur du dispositif.

«On n’est pas très inquiets», confie une source proche du ministère: l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a estimé que «l’activité (hospitalière) supplémentaire serait de l’ordre de 4%», soit «pas un effort majeur», commente cette source. «Mais la situation des hôpitaux est chaque été plus catastrophique. C’est la goutte d’eau de trop», réplique Joran Jamelot, représentant du syndicat de la CGT à l’AP-HP. À l’été 2023, les pénuries de soignants avaient contraint un nombre record de services d’urgences à fermer la nuit ou quelques jours.

300 urgentistes mobilisés sur les sites olympiques

Les athlètes auront leur «polyclinique» éphémère installée dans le village olympique, calibrée pour 700 consultations quotidiennes. Pilotée par l’AP-HP mais financée par le comité d’organisation des JO, elle emploiera surtout des soignants volontaires, français et internationaux.

Trois établissements «référents» s’occuperont des professionnels: l’hôpital Bichat pour les soins lourds des sportifs, Avicenne pour les journalistes et Pompidou pour la «famille olympique». L’AP-HP n’y anticipe qu’une activité «modérée».

Risque de débordements, blessures, maladies: l’institution prévoit en revanche des renforts aux urgences, Samu et dans 80 de ses 800 services (réanimation, chirurgie orthopédique, digestive…) pour ouvrir des lits supplémentaires. Quelque 800 équivalents temps plein sont nécessaires. D’après des travaux parlementaires, plus de 300 urgentistes seront aussi mobilisés sur les sites olympiques au niveau national.

À l’heure où tous les hôpitaux manquent de bras, l’AP-HP a fait appel aux volontaires en interne, et propose une prime (de 800 à 2 500 euros brut/semaine en fonction des catégories d’emploi) aux soignants des services concernés qui «renoncent» à l’une de leurs habituelles trois semaines consécutives de vacances, pour travailler 35 heures sur la période.

Des montants «insuffisants» et «discriminatoires» pour les syndicats, qui réclament dans une pétition  «2 000 euros pour tous» les personnels, «épuisés» par une succession d’épidémies et d’étés ultra-tendus. «Annuler sa location, faire garder ses enfants, c’est le même prix pour tous», pointe Olivier Cammas (CGT). Interrogée, l’AP-HP – qui boucle ses plannings – n’a pas encore précisé le volume total des primes.

«C’est organisé à la hussarde, rien n’est prêt»

Risque de canicule, de Covid-19, d’attentat : les autorités doivent anticiper d’éventuelles «situations sanitaires exceptionnelles». L’ARS assure renforcer ses «dispositifs de surveillance» concernant «la qualité des eaux de baignade» ou «la lutte anti-moustiques vecteurs de maladies».

Le Samu «fait des exercices» et dispose de «mécanismes rodés pour rappeler des personnels en cas de catastrophe». «Reste à les accréditer» pour accéder aux sites olympiques, note Patrick Pelloux, de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf). Cet été, «les médecins du Samu 75 resteront tous ou presque» en région parisienne.

Mais dans beaucoup de territoires, «c’est organisé à la hussarde, rien n’est prêt», critique Yann Le Baron, secrétaire d’Unsa Santé-sociaux. «Beaucoup se sentent abandonnés», et après les JO «on leur demandera toujours d’être mobilisés» pour la rentrée, les épidémies hivernales, ajoute-t-il. «À bout de bras, l’hôpital tiendra. Jusqu’à quand ?»

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