Alors que le monde agricole sort de la période des moissons, la France pourrait connaître sa pire récolte de blé depuis 40 ans avec une chute de près d’un quart en 2024 par rapport à 2023. En cause pour cet exercice : les fortes précipitations qui ont touché le pays.
«Une des plus faibles récoltes des 40 dernières années» : le ministère de l’Agriculture français déplore une production de blé en chute pour l’année 2024. Son service statistique, l’Agreste, estime ainsi une production totale à hauteur de 26,3 millions de tonnes, soit une baisse de 23,9% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
Dans un secteur en crise après une année qui a vu se dérouler des manifestations massives, de nombreuses fermes se trouvent exposées par cette mauvaise récolte et les syndicats agricoles tirent la sonnette d’alarme.
Selon l’Agreste, les vignes sont aussi touchées avec des maladies «favorisées par l’humidité ainsi que par des épisodes de gel ou de grêle» et met en garde contre une récolte «attendue en baisse dans presque tous les bassins viticoles.»
«Une moisson catastrophique», selon le président de la FNSEA
«On a une moisson qui est catastrophique cette année qui va être une des pires récoltes que nous ayons eu depuis les 40 dernières années» : pour Arnaud Rousseau, président du premier syndicat agricole de France, la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) interrogé sur France Info le 7 août, la tendance est inquiétante. Celle-ci s’explique selon lui par les conditions climatiques particulièrement pluvieuses et les attaques provoquées par «la difficulté à lutter contre un certain nombre d’insectes […] et puis la difficulté à désherber nos parcelles».
Arnaud Rousseau chiffre ainsi un impact de 20 à 40 000 euros par exploitation, avant de réclamer un «accompagnement de l’Etat avec des mesures très conjoncturelles». Il en appelle à l’aide de l’Union Européenne et au ministre Marc Fesneau qui ne s’est pas exprimé sur ce sujet sur les réseaux sociaux. Alors que le gouvernement a démissionné à la faveur de la défaite du camp présidentiel lors des élections législatives, le président du syndicat agricole déplore l’absence d’interlocuteurs. En déplacement dans les Vosges vendredi 9 août, le patron syndical a également alerté sur les «pertes de volumes» et les «risques sanitaires accrus sur les productions».
Pertes de volumes, risques sanitaires accrus sur les #productions animales et végétales, prédation, fragilisation des trésoreries des exploitations…. Avec l’ensemble du réseau de la @FNSEA , nous travaillons sans relâche, toute l’année et particulièrement en cette saison de… https://t.co/FSWtSd9uE2
— Arnaud Rousseau (@rousseautrocy) August 9, 2024
«La flamme olympique s’est éteinte mais le feu couve dans nos campagnes»
De son côté, la Coordination rurale, l’un des syndicats minoritaires plutôt de sensibilité de droite, s’inquiète de cette situation et l’agriculteur Patrick Legras, membre de cette organisation, met en garde dans une vidéo postée lundi 12 août, les «futurs ministre de l’agriculture et Premier ministre […]» face à «trop d’agriculteurs qui vont crever s’il n’y a pas de solutions dans les semaines qui viennent» et de réclamer des «prix rémunérateurs».
Sur ses réseaux sociaux, la Coordination rurale déclare : «Céréales, c’est la cata ! La flamme olympique s est éteinte mais le feu couve dans nos campagnes. Vite un ministre et des parlementaires au travail».
A gauche, la Confédération paysanne n’a pas réagi depuis le 29 juillet, date à laquelle le syndicat mettait en cause le «système assurantiel privé incapable de répondre aux besoins de toutes les fermes et territoires impactés par les aléas climatiques».
Le journal spécialisé La France agricole estime que seuls les départements du pourtour méditerranéen échappent à la baisse des rendements du blé tendre et fait état d’un rendement des orges d’hiver en chute de 18,8% sur un an. Pour le blé dur, la production devrait, elle atteindre son plus bas niveau depuis 1997 avec une baisse de 8,3%.
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