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La frontière franco-espagnole bloquée par des milliers d’agriculteurs voulant «peser» sur les européennes

Dans les Pyrénées, les agriculteurs français et espagnols bloquent ce 3 juin les points de passage transfrontaliers. Leur but : se faire remarquer avant les élections européennes et réclamer une énergie moins chère.


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«Avant, on s’affrontait, maintenant on s’allie, on a les mêmes problématiques», s’est réjoui Sébastien Barboteu, éleveur bovin et porte-parole des agriculteurs français mobilisés, cité par l’AFP. Depuis la fin de matinée ce 3 juin, des dizaines de tracteurs coupent la circulation sur l’A9 entre Montpellier et Barcelone, au niveau de Perthus.

Selon France Bleu Roussillon, les agriculteurs se préparent à passer la journée et la nuit sur la frontière. Les Espagnols ont apporté avec eux des réchauds pour cuisiner des paellas.

«Nous bloquons l’accès à la ville de Bossost et au col du Portillon. Certains d’entre nous sont venus du centre de l’Espagne en bus pour participer à l’action. Nous sommes une grosse centaine d’exploitants à s’être mobilisés et j’espère que le mouvement va rassembler tous les agriculteurs européens», a déclaré une agricultrice espagnole à La Dépêche.

Sept autres points de passage entre les deux pays sont aussi bloqués, du Pays Basque à la Catalogne. L’A64, entre Bilbao et Bordeaux, est aussi coupée.  

Sur l’A63 au Pays basque, une immense bannière noire a été déployée sur laquelle on peut lire: « Ici débute la résistance », a rapporté La Dépêche. L’édition Pays Basque du journal Sud-Ouest a relevé 200 tracteurs bloquant la voie à Biriatou.

Le système européen dans le viseur

« Il n’est pas normal qu’on nous impose, à nous, des normes qui ne sont pas respectées sur les produits qu’on importe », explique à l’AFP Xabi Dallemane, l’un des organisateurs de ce rassemblement au Pays basque.

« Personne n’achèterait jamais un jouet ou une voiture non conforme à la réglementation européenne, mais des aliments sont importés et vendus alors qu’ils ne la respectent pas », expliquait de son côté l’Espagnol Josep Ballucera, venu de la province de Gérone (nord-ouest de l’Espagne), lui aussi cité par l’AFP.

Un mouvement non organisé par les syndicats agricoles

« On veut peser, car quand je parle au gouvernement, on m’explique que 80% des lois agricoles se décident à Bruxelles, donc on a compris que maintenant le cheval de bataille n’était plus national, il était européen », renchérit Jérôme Bayle, éleveur de Haute-Garonne devenu figure du mouvement de contestation agricole du début d’année.

Le Premier ministre Gabriel Attal a réagi ce matin sur France Info à la mobilisation des agriculteurs dans les Pyrénées. «J’ai pris 65 engagements, qui ont été salués par les syndicats agricoles, ces engagements, ils ont commencé à se traduire», s’est défendu le chef du gouvernement français. «L’Europe, c’est quand même ce qui finance aujourd’hui notre agriculture», a tenté de faire valoir Attal, tout en reconnaissant les «complexités» des institutions européennes.

Cette mobilisation, pour une énergie moins chère et le respect des clauses miroirs (qui supposent d’imposer aux agriculteurs de pays tiers les mêmes normes environnementales que celles prévues en Europe), a pour particularité de ne pas avoir été organisée par les syndicats agricoles traditionnels.

La France et l’Europe avaient été secouées pendant l’hiver 2023-24 par une fronde agricole, visant notamment la concurrence déloyale de la part des pays hors de l’UE (notamment l’Ukraine), qui ne sont pas soumis aux mêmes règles, et contre une bureaucratie et des normes européennes trop lourdes.




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