La Turquie a soumis une demande d'adhésion au bloc des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), a indiqué le 3 septembre le porte-parole du parti turc au pouvoir. Interview avec l'avocat, auteur et analyste politique Onur Sinan Güzaltan.
RT en français : Quel intérêt pour la Turquie d’adhérer aux BRICS ?
Onur Sinan Güzaltan : Il y a plusieurs raisons. Géographiquement, la Turquie est un pays d’Asie et entretient de solides relations avec des pays comme la Russie, l’Iran et la Chine. Devenir membre des BRICS est donc une nécessité pour renforcer ces liens et pour diversifier ses partenariats économiques et politiques.
RT en français : Qu’en est-il des relations avec les États-Unis ?
Onur Sinan Güzaltan : Depuis longtemps, les relations entre la Turquie et les États-Unis sont tendues. Les États-Unis ont soutenu des groupes que la Turquie considère comme terroristes, comme le PKK et le FETÖ, et ont exercé des pressions financières sur le pays. Ces actions ont renforcé la volonté de la Turquie de se tourner vers des alternatives comme les BRICS.
RT en français : Pensez-vous que l’adhésion aux BRICS pourrait aider la Turquie à se libérer de ces pressions occidentales ?
Onur Sinan Güzaltan : Absolument. La Turquie est un pays indépendant et a le droit de choisir ses alliances. Rejoindre les BRICS ne serait pas seulement une alternative, mais une nécessité pour renforcer nos relations économiques et politiques, notamment avec l’Asie, où se trouvent nos principaux partenaires commerciaux.
RT en français : Quelle est l’opinion générale en Turquie concernant l’adhésion aux BRICS et les relations avec l’Occident ?
Onur Sinan Güzaltan : La majorité de la population turque est de plus en plus critique envers l’OTAN et ne voit plus l’adhésion à l’Union européenne comme une priorité. Au contraire, l’idée de rejoindre les BRICS gagne en popularité, surtout en raison des bénéfices économiques et stratégiques que cela pourrait apporter.
RT en français : Quelles pourraient être les répercussions d’une adhésion de la Turquie aux BRICS sur ses relations avec l’Occident ?
Onur Sinan Güzaltan : Une adhésion aux BRICS renforcerait l’indépendance de la Turquie, mais cela pourrait également provoquer des réactions négatives, surtout de la part des États-Unis, qui tentent de limiter nos relations avec des pays comme la Russie et l’Iran. Il est possible que nous assistions à des provocations ou à une augmentation des pressions occidentales pour empêcher cette adhésion.
RT en français : Comment voyez-vous l’avenir des relations entre la Turquie et l’Occident si la Turquie devient membre des BRICS ?
Onur Sinan Güzaltan : Les relations entre la Turquie et l’Occident sont déjà complexes, et une adhésion aux BRICS pourrait les rendre encore plus difficiles. Cependant, il est clair que rester dans le giron de l’OTAN n’a apporté que peu de bénéfices à la Turquie. En rejoignant les BRICS, nous pourrions ouvrir de nouvelles opportunités commerciales, culturelles et militaires qui bénéficieraient à l’ensemble de la société turque.
RT en français : En conclusion, que signifie cette évolution pour l’identité et le positionnement international de la Turquie ?
Onur Sinan Güzaltan : La Turquie est en train de redéfinir sa place dans le monde. Plutôt que de chercher à intégrer l’Union européenne, il est temps de reconnaître notre position en Eurasie et de développer nos relations avec les pays asiatiques. Les BRICS offrent une excellente opportunité pour cela, et je pense que c’est une direction que nous devons explorer sérieusement pour l’avenir de notre pays.
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