Le dernier trimestre de l'année en cours a été intense dans les relations entre l’Afrique et le continent asiatique avec trois sommets inédits. Des rendez-vous qui en disent long sur une nouvelle orientation économique de l'Afrique, selon le journaliste de RT en français Amine Toutah.
Entre Tokyo, Pékin et Bali les dirigeants africains se sont rendus en Asie dans le cadre de trois sommets de coopération avec le Japon en en août, l’Indonésie et la Chine en septembre. Des rencontres qui laissent entendre que les deux continents veulent renforcer leur coopération pour les années à venir.
Cependant des questions subsistent sur la nature de cette coopération : s’agit-il d’un vrai modèle de relation Sud-Sud ? Est-ce que L’Asie va remplacer l’Occident en Afrique ?
Dans une interview avec RT en français l’expert économique et professeur universitaire algérien Nazim Sini a jugé que la coopération sino-africaine s’était renforcée depuis plus de deux décennies à travers l’implantation de plusieurs sociétés chinoises en Afrique subsaharienne, en Afrique du Nord et en Afrique de l’Est. Un intérêt qui s’explique par l’aspect énergivore de l’industrie chinoise mais aussi la croissance démographique en Afrique ce qui fait du continent le nouveau «centre névralgique» de l’économie mondiale pour les prochaines cinq décennies.
Un modèle de coopération Sud-Sud ?
Pour ce qui est des rapports commerciaux, le solde commercial est en faveur de la Chine : Pékin exporte ses produits finis en Afrique, et la Chine construit la plupart des infrastructures africaines en contrepartie d’un accès aux ressources fossiles.
L’Afrique est le seul continent qui affiche un taux de croissance élevé du fait de ses ressources naturelles inexploitées et qui attirent les investisseurs hors continent.
Lors du forum sino-africain, Pékin s’est engagé à débloquer une somme de 50 milliards de dollars d’investissements en Afrique et à créer 1 million d’emplois en se focalisant sur des investissements dans des secteurs tels que les infrastructures et le commerce.
La coopération Afrique-Japon, une exception ?
Avec une certaine idéologie occidentale et une vision très capitaliste de l’économie, le Japon se démarque dans ces rapports économiques internationaux. Tokyo tente de trouver des débouchés à l’export et recherche des matières premières, ainsi que la coopération dans le domaine de la technologie de pointe. Les Japonais aspirent à faire des passerelles avec le continent africain dans les secteurs technologiques. Dans ce registre, de grandes compagnies japonaises collaborent avec des startups africaines.
Depuis 1993 les sommets TICAD entre l’Afrique et le Japon visent à renforcer la coopération entre les deux parties et l’établissement de partenariats solides entre le Japon et l’Afrique pour promouvoir le développement des infrastructures de communication en Afrique ainsi que les questions liées à la sécurité alimentaire, le changement climatique, la numérisation et la gestion de la dette.
La réélection de Donald Trump, un tournant pour l’Afrique ?
Donald Trump retourne au Bureau Ovale avec des questions en suspens sur sa vision à l’égard de l’Afrique.
Sous le mandat de Biden, la Maison Blanche n’avait pas vraiment la boussole tournée vers le continent de Mandela, à l’exception d’une coopération particulière avec le Kenya.
Pour plusieurs observateurs, la politique de Trump en Afrique va se concentrer sur la lutte contre le terrorisme et les questions sécuritaires. Pour ce qui est du volet économique et le partenariat, la vision du président républicain n’est toujours pas claire et tout porte à croire que l’administration Trump va procéder à une révision de la loi AGOA (loi commerciale des États-Unis en vigueur depuis 2000 qui vise à aider les pays d’Afrique subsaharienne à accroître leur accès au marché américain dans le but d’améliorer le commerce) avec des clauses plus avantageuses pour Washington. Un vide dont pourraient profiter les pays asiatiques, avec des modalités plus flexibles pour les deux parties.
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