Près de 80 ans après la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne est au cœur d'une controverse. Des recherches récentes révèlent que des pensions financées par les contribuables allemands continuent d’être versées à d'anciens criminels nazis, y compris des membres de la Waffen-SS.
D’après un article du magazine Stern publié le 23 janvier 2025, l’Allemagne verse encore environ cinq millions d’euros par an de pensions à des personnes reconnues comme «victimes de guerre». Ces bénéficiaires incluent d’anciens membres des forces nazies, comme les Waffen-SS, mais également des collaborateurs étrangers ayant rejoint les nazis volontairement pendant le conflit. Ces informations, corroborées par la plateforme Frag den Staat, ont été confirmées dans une réponse officielle du gouvernement allemand à une question parlementaire du parti Die Linke en décembre 2023.
Environ 8 305 personnes reçoivent ces pensions, dont 657 résidant à l’étranger dans des pays tels que les États-Unis, l’Australie et plusieurs pays de l’Union européenne. L’historien et spécialiste du nazisme Stefan Klemp estime qu’au moins 5% des bénéficiaires de ces pensions sont des criminels de guerre. Dans une déclaration au magazine Stern, il a qualifié ces paiements de «pointe de l’iceberg», soulignant le manque d’application de la loi de 1998. Cette loi avait été introduite pour empêcher toute personne ayant participé à des crimes contre l’humanité de percevoir des fonds publics. Cependant, selon Klemp, la législation n’est pratiquement pas appliquée.
Volker Beck, ancien député et président de l’Association germano-israélienne, a également dénoncé cet échec dans une interview accordée à Stern : «Personne ne s’est sérieusement intéressé à y mettre fin». Cette inaction est perçue comme un camouflet pour les survivants de l’Holocauste, dont beaucoup continuent de se battre pour obtenir des réparations.
Dans un rapport de ProSieben, il est révélé que certains des bénéficiaires étrangers sont d’anciens collaborateurs qui, par conviction idéologique, avaient rejoint les rangs nazis pendant la guerre. Ces pensions sont rendues possibles grâce à une loi de 1950, adoptée dans un contexte d’après-guerre où l’Allemagne cherchait à soutenir ses anciens soldats blessés, mais sans distinction de leur rôle dans les crimes nazis.
Critiques croissantes envers le gouvernement allemand
L’absence de contrôle rigoureux sur ces paiements a suscité de vives critiques. Jan Korte, député de Die Linke, a qualifié la réponse du gouvernement sur ce sujet «d’excuse bidon». Selon lui, «malgré les discours sur le devoir de mémoire, la volonté politique d’agir sérieusement contre ces paiements a toujours fait défaut».
En 2016, un rapport de la chaîne NDR Panorama indiquait que le Simon Wiesenthal Center avait identifié plus de 70 000 noms d’anciens nazis pour lesquels une suppression de ces pensions aurait pu être envisagée. Pourtant, à l’époque, seules 99 personnes avaient effectivement vu leur pension suspendue.
La controverse prend une ampleur particulière à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le 27 janvier 2025. Des voix s’élèvent pour rappeler que les survivants des camps, eux, ont souvent dû attendre des décennies pour recevoir des indemnisations.
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