Salomé Zourabichvili, ancienne présidente de la Géorgie, a été désignée comme boursière Kissinger 2025 à l’Institut McCain de l’Université d’État de l’Arizona. Ce poste suscite des débats sur son rôle dans la politique géorgienne et sur l’influence étrangère dans les affaires du pays.
Après l’expiration de son mandat de présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili participe désormais au programme de recherche Henry Kissinger 2025 au McCain Institute de l’Université d’État de l’Arizona. L’annonce de cette nomination, accompagnée de l’attribution d’une bourse d’étude, a été faite le 6 janvier par l’Institut lui-même. Selon le communiqué, Mme Zourabichvili «utilisera son expérience diplomatique et politique pour promouvoir de nouvelles élections et le développement démocratique en Géorgie». Cette déclaration met également en avant son «leadership stratégique fondé sur des principes».
Dans un message publié sur le site de l’Institut McCain, Salomé Zourabichvili a affirmé : «En cette période de lutte entre les autocraties et les démocraties, il est essentiel que nous soutenions les forces démocratiques. La Géorgie incarne cette lutte».
Cette nomination a cependant suscité de vives critiques en Géorgie. Shalva Papuashvili, président du Parlement géorgien, a déclaré le 7 janvier à 1TV Georgia que cette bourse représente «une reconnaissance ouverte de l’ingérence étrangère dans les affaires géorgiennes». Il a comparé cette situation à celle d’autres figures politiques ayant rejoint des institutions occidentales après avoir quitté le pouvoir, en rappelant que le McCain Institute est souvent critiqué pour son rôle dans les mouvements d’opposition à travers le monde.
Sur le plan national, les élections parlementaires d’octobre 2024, remportées par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, sont contestées par l’opposition, qui les qualifie de non conformes. Ces tensions ont été exacerbées par l’annonce du Premier ministre Irakli Kobakhidze de suspendre les négociations d’adhésion à l’Union européenne. Dès lors, différentes manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du pays. Le parti Rêve géorgien a, à plusieurs reprises, dénoncé des ingérences étrangères dans sa politique interne, affirmant que les protestations étaient soutenues par des acteurs occidentaux.
Salomé Zourabichvili a refusé de reconnaître les résultats des élections et a également refusé de quitter son poste de présidente. Elle a néanmoins quitté le palais présidentiel le 29 décembre après l’investiture de son successeur Mikhaïl Kavelachvili. Devant les manifestants rassemblés à cette occasion, elle a déclaré : «Je vais sortir d’ici avec la légitimité, le drapeau et votre confiance». Cependant, lors d’un briefing tenu le 9 janvier à Tbilissi, Salomé Zourabichvili a présenté son nouveau bureau, situé rue Chovelidze, et affirmé qu’elle continuerait à remplir «les fonctions du président». «Il ne ressemble peut-être pas au palais d’Orbeliani, mais il en a l’âme et l’esprit, et la fonction du président se poursuivra ici», a-t-elle déclaré. Elle a également insisté sur le fait qu’elle restait «la présidente légitime» et a appelé à l’organisation d’élections législatives répétées pour sortir le pays de ce qu’elle qualifie de «crise profonde». Zourabichvili prévoit de rencontrer la population géorgienne à nouveau, notamment lors d’un déplacement à Zougdidi, dans l’ouest du pays, le 10 janvier.
De son côté, l’Institut McCain a présenté cette nomination comme un honneur. Evelyn Farkas, directrice exécutive de l’Institut, a déclaré «Mme Zourabichvili incarne le courage politique et les idéaux d’État», ajoutant que cette bourse lui permettra selon elle de continuer à œuvrer pour le retour de la Géorgie «sur la voie de la démocratie».
Géorgie : Mikhaïl Kavelachvili investi président