La veille du 7 octobre, premier anniversaire de l’attaque du Hamas contre Israël, la guerre se poursuit dans la bande de Gaza où des civils sont tués chaque jour dans des frappes israéliennes. Jimmy Dalleedoo, essayiste et auteur, estime qu’Israël a une feuille de route qui est tracée par Washington
RT en français : Un débat qui revient à chaque fois que l’armée israélienne cible des sites civils : pour Israël il s’agit d’un lieu de retranchement de terroristes, pour les Palestiniens, ce sont des frappes aveugles qui visent précisemment les civils. Quelle est votre analyse ?
Jimmy Dalleedoo : La résistance palestinienne a plus d’une fois tiré la sonnette d’alarme sur le fait que les cibles terroristes, en réalité, ne sont rien d’autre que des cibles civiles. Il est impossible de faire confiance à Benjamin Netanyahou, qui est un criminel contre l’humanité. Il ne faut pas oublier que la CIJ et la CPI – qui sont dotées d’une certaine autorité morale, en plus d’être des autorités juridiques internationales – ont émis deux mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahou. Un des éléments, une de ces conséquences, est le fait que nous ne pouvons pas faire confiance à un criminel contre l’humanité. En réalité, ces cibles «terroristes» sont des cibles civiles. Le gouvernement génocidaire israélien vise-t-il des terroristes lorsqu’il bloque l’accès de la population palestinienne aux aides humanitaires ? […] Nous voyons donc bien que «l’antiterrorisme», en réalité, rime avec «destruction de la population civile palestinienne».
RT en français : Demain, cela fera un an, jour pour jour, que cette guerre aura débuté : quel constat peut-on faire sur ces 365 jours de conflit ?
Jimmy Dalleedoo : Le premier constat est que le gouvernement génocidaire israélien a une feuille de route, c’est bien connu. Cette feuille de route a été tracée par Washington, et elle est claire : il s’agit du projet du Grand Moyen-Orient. Le gouvernement génocidaire israélien, bras armé de Washington dans la région, mettra en application cette feuille de route coûte que coûte. Benjamin Netanyahou sera de toute façon jugé pour crime contre l’humanité. Il ira donc jusqu’au bout. Le projet du Grand Moyen-Orient, fondamental pour Washington, serait une tentative de contrer les nouvelles routes de la soie impulsées par la Chine, une tentative de contrer le développement du nouvel ordre mondial multipolaire boosté par les BRICS, et donc par l’entente sino-russe, une tentative de reprendre le contrôle du monde.
Washington est dans cette psychologie qui consiste à se dire : «Soit je contrôle le monde, soit je ne contrôle plus rien et je détruis tout», tel un enfant perdant un jouet qu’il avait entre les mains. C’est la même psychologie. Ils iront donc malheureusement jusqu’au bout.
RT en français : Et depuis le 17 septembre le front libanais s’est intensifié. Est-ce qu’on assiste à une guerre totale dans la région ?
Jimmy Dalleedoo : J’espère que les choses vont se calmer avant et que le cessez-le-feu se fera. Il y a cependant un problème : la région constitue plus de 48% de la production du combustible mondial. Prenons le détroit d’Ormuz, qui est un point de passage important : si 48% de la production du pétrole mondial émanent de cette zone, le bloc de l’Ancien Monde et Washington voudront contrôler à tout prix cet endroit clé. Ils veulent donc qu’il y ait un chaos qui s’installe. Washington mettra en application ce qu’il connaît, c’est-à-dire sa théorie de la stratégie du chaos, qui consiste à semer le chaos pour tenter, du moins espérer, de ramener son ordre social à lui, avant que les nouvelles routes de la soie et les nouveaux projets de l’Est se développent et se consolident ensuite. Ils sont vraiment dans cette perspective de reprendre le contrôle par le chaos, et malheureusement la première victime est la résistance palestinienne.
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