Selon un rapport confidentiel révélé par plusieurs médias, le Danemark envisage de construire une base militaire dans l'ouest du Groenland. Ce projet, estimé à 150 millions de dollars, vise à démontrer la souveraineté danoise et accroître la présence militaire dans l’Arctique, une région stratégiquement convoitée.
Le 16 janvier 2025, la chaîne de télévision danoise TV2 a dévoilé un rapport confidentiel des forces armées danoises intitulé «Renforcer l’exécution des tâches de défense dans l’Arctique et l’Atlantique Nord». Selon ce document de 22 pages, élaboré en septembre 2024, le Danemark prévoit la construction d’une base militaire à Kangerlussuaq, une localité située à environ 300 kilomètres au nord de Nuuk, la capitale du Groenland.
La base serait conçue pour accueillir des avions de chasse F-35, qui effectueraient des séjours et des atterrissages périodiques. Elle servira également de point de départ pour des drones à longue portée opérant entre Aalborg, au Danemark, et le Groenland afin de surveiller l’Atlantique Nord. Selon TV2, ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie de «préparation à repousser les attaques et protéger la souveraineté danoise». Le coût total du projet est estimé à plus de 1,1 milliard de couronnes danoises, soit environ 150 millions de dollars.
Toujours selon TV2, le projet inclut également la création d’une base militaire mobile, qui pourrait être déplacée par avions de transport. Cette flexibilité offrirait au Danemark une capacité de réponse rapide face à toute menace émergente dans la région arctique.
Le Groenland, une région autonome sous souveraineté danoise, est un territoire hautement stratégique. Les infrastructures critiques, notamment les câbles sous-marins, les centrales électriques et les installations de stockage de pétrole, figurent parmi les priorités de défense mentionnées dans le rapport. La base de Kangerlussuaq devrait accueillir jusqu’à 94 personnes, renforçant ainsi la capacité opérationnelle des forces armées danoises dans cette région.
Par ailleurs, le Danemark envisage d’augmenter les effectifs du Commandement de l’Arctique, basé à Nuuk. Ce dernier compte actuellement 70 personnes, mais 58 postes supplémentaires pourraient être créés dans le cadre de cette expansion militaire.
Le gouvernement danois justifie cette militarisation accrue par la nécessité de contrer les «puissances hostiles» et de protéger ses intérêts dans une région où les tensions géopolitiques se sont intensifiées ces dernières années. En effet, la présence militaire américaine sur le territoire groenlandais, notamment à la base de Thulé, et les déclarations provocatrices du président américain élu Donald Trump, ont accentué la pression sur le Danemark. Trump a notamment affirmé le 7 janvier 2025, lors d’une déclaration à la presse américaine, que «le Groenland devrait appartenir aux États-Unis», rappelant l’importance stratégique de cette région pour contrer la Chine et la Russie.
Le Groenland, qui a obtenu une autonomie élargie en 2009, reste cependant clair sur ses intentions. Mute Egede, Premier ministre du Groenland, a déclaré à la presse locale en janvier 2025 : «L’île n’est pas à vendre et ne le sera jamais». Cette position ferme contraste avec les ambitions américaines et renforce l’urgence pour le Danemark d’affirmer sa souveraineté sur ce territoire stratégique.
D’autres initiatives viennent compléter cette stratégie militaire danoise dans l’Arctique. Le gouvernement danois a prévu d’investir plus de deux milliards de dollars dans des équipements tels que des navires, des drones, et même des traîneaux supplémentaires pour la patrouille Sirius, une unité spécialisée opérant dans l’Arctique.
Cette course à l’armement dans l’Arctique s’accompagne également de préoccupations environnementales et de tensions diplomatiques croissantes. Les forces armées danoises ont reconnu leurs limites actuelles en matière de surveillance et de réponse dans cette région clé, soulignant ainsi la nécessité urgente de renforcer leurs capacités.
En parallèle, l’ambassadeur russe au Danemark, Vladimir Barbine, a exprimé, le 10 janvier 2025, ses inquiétudes sur la militarisation du Groenland par les États-Unis, accusant Washington d’utiliser l’aérodrome de Thulé pour des exercices militaires en Arctique.
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