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Le gouvernement britannique abandonne son projet controversé de baisse d’impôts pour les plus riches

Confronté à une vague de critiques et d'alertes sur la situation économique du Royaume-Uni, le ministre des Finances a annoncé renoncer à une diminution de la fiscalité pour les Britanniques les plus aisés.

Empêtré dans la tourmente créée par son «mini-budget» présenté la semaine précédente, le gouvernement britannique a annoncé le 3 octobre qu’il abandonnait son projet de baisse d’impôts pour les plus riches, qui avait suscité des remous jusqu’au sein de la majorité conservatrice.

«Nous comprenons, nous avons écouté», a déclaré le ministre des Finances Kwasi Kwarteng, une formule reprise mot pour mot quelques instants plus tard par le Premier ministre Liz Truss. Selon les deux responsables, la suppression du taux d’imposition à 45% pour les contribuables dont les revenus excèdent 150 000 livres sterling [environ 170 000 euros] «était devenue une distraction», comme l’a écrit Liz Truss sur Twitter, et justifie la volte-face gouvernemental sur le sujet. Liz Truss a rappelé que sa priorité consistait à «construire une économie à croissance élevée, qui finance des services publics de classe mondiale, augmente les salaires et crée des opportunités partout tout le pays».

En agissant ainsi, le gouvernement conservateur, en place depuis à peine un mois, s’efforce de sauver le paquet de mesures présenté le 23 septembre, en l’expurgeant de sa mesure la plus controversée. C’est en effet sur la suppression de ce taux d’imposition que nombre de critiques, y compris dans les rangs des Tories, se sont concentrées. Au point de faire craindre une rébellion lors du vote du texte au Parlement. Poids lourd de la majorité, l’ex-ministre Michael Gove a jugé le 2 octobre sur la BBC qu’«avoir pour principale mesure fiscale la réduction de l’impôt pour les plus riches, c’est mettre en avant de mauvaises valeurs».


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Interviewé sur le plateau de la BBC le 3 octobre, le ministre des Finances Kwasi Kwarteng a cependant indiqué qu’il excluait de démissionner, et a refusé de reconnaître une erreur, martelant que le plan du gouvernement constituait «un ensemble solide de mesures». Toujours sur la BBC, Liz Truss avait reconnu le 2 octobre que le gouvernement aurait dû «mieux préparer le terrain», tout en attribuant au seul ministre des Finances la paternité de cette mesure, suscitant des réactions circonspectes.

«L’un des défauts de Boris Johnson était qu’il pouvait parfois être trop loyal et il l’a compris», a ainsi réagi l’ex-ministre de la Culture Nadine Dorries, l’une des plus fidèles envers le Premier ministre précédent. «Cependant, il y a un équilibre à trouver et jeter son chancelier [de l’Echiquier, titre du ministre des Finances] sous un bus le premier jour du congrès n’en est pas un», avait-elle observé dans un tweet publié le 2 octobre. 

La défiance envers Liz Truss s’accroît

Le plan présenté le 23 septembre par Kwasi Kwarteng a entraîné la chute de la livre sterling à son plus bas historique, tandis que les taux d’emprunt de l’Etat britannique ont bondi à leur plus haut niveau depuis la crise de 2009, menaçant la stabilité financière du pays. Outre une mise en garde formelle du Fonds monétaire international quant à la nécessité de respecter la «discipline budgétaire», la Banque d’Angleterre est intervenue en urgence pour stabiliser les taux, qui menaçaient de faire tomber en faillite des fonds de pension. 

Visant aussi à faire face à la hausse du coût de la vie pour les Britanniques, le «mini-budget» de Kwasi Kwarteng prévoit le gel des factures d’énergie et table sur des baisses d’impôts massives pour stimuler la croissance. Au pouvoir depuis à peine un mois, Liz Truss voit s’accumuler les sondages désastreux à deux ans des prochaines élections générales, qui donnent une avance de 17 à 33 points à l’opposition travailliste. Selon une autre étude, un Britannique sur deux (51%) souhaiterait sa démission.

En amont de l’ouverture du congrès du Parti conservateur, des factures d’énergie ont été brûlées par des manifestants à Birmingham, rapporte la BBC. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans la ville le 2 octobre au cri de «Tories out» (« Les conservateurs dehors»), ou «Dites-le haut et fort, les Tories ne sont pas les bienvenus ici». A la tribune, le leader du syndicat des salariés du ferroviaire (RMT), Mick Lynch, a évoqué la «lutte des classes» qui caractérise selon lui la situation actuelle du Royaume-Uni, en appelant la classe ouvrière à «changer le pays». Le trafic ferroviaire a une nouvelle fois été fortement perturbé pendant le week-end, des rassemblements de protestation contre le coût de la vie s’étant tenus dans une cinquantaine de villes à l’appel des initiateurs de la campagne «Enough is Enough» 

Le Royaume-Uni est confronté depuis plusieurs mois à une importante vague de grèves, liées à une inflation proche de 10%. L’explosion des factures d’énergie, qui pourrait faire basculer plusieurs millions de foyers britanniques dans la pauvreté, alimente une forte colère sociale.  




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