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Le ministre israélien de la Défense en Azerbaïdjan, l’Etat hébreu aux côtés de Bakou face à Erevan

Le ministre israélien de la Défense était en visite à Bakou après des affrontements meurtriers dans le Caucase. Soutien de l'Azerbaïdjan face à l'Arménie, Israël entend consolider son partenariat avec l'ex-république soviétique voisine de l'Iran.

Alors que l’Arménie a récemment acheté des armes à l’Inde, l’Azerbaïdjan continue de son côté à entretenir des relations fortes sur le plan militaire avec Israël. Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a achevé le 3 octobre une visite officielle inopinée en Azerbaïdjan, où il a rencontré son homologue azéri ainsi que le président Ilham Aliyev.

A cette occasion, le ministre a tenu à «souligner l’importance de maintenir des relations stratégiques entre l’Etat d’Israël et la République d’Azerbaïdjan» et de «réfléchir aux changements qui ont eu lieu dans la région du Moyen-Orient après la signature de l’Accord d’Abraham». Mais ce déplacement d’un dirigeant de l’Etat hébreu serait tout sauf anodin : il survient dans un contexte marqué par la reprise des hostilités entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Bakou et Erevan s’accusent mutuellement d’être à l’origine de cette nouvelle confrontation qui selon un dernier bilan de l’AFP a fait au moins 286 personnes. 

Armes contre pétrole 

Mais cette alliance contre-nature ne date pas d’hier. Israël s’est en effet de tout temps positionné en faveur de l’Azerbaïdjan qui est un pays majoritairement chiite aux frontières de l’Iran et qui partage des relations étroites avec la Turquie. L’Etat hébreu et l’Azerbaïdjan ont établi des relations diplomatiques dès avril 1992, moins d’un an après la naissance de cette ancienne république soviétique. Par ailleurs, Israël n’a jamais reconnu le génocide arménien.


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Lors du premier conflit opposant l’Arménie à l’Azerbaïdjan entre 1988 et 1994, Israël avait fourni des lance-missiles sol-air Stinger à Bakou. En visite en 2012 dans la capitale azérie, Avigdor Lieberman, le chef de la diplomatie israélienne de l’époque, avait qualifié la relation avec l’Azerbaïdjan de «plus importante pour Israël que [celle existant] avec la France».

Plus récemment, lors du conflit dit de 44 jours dans le Haut Karabagh en octobre et novembre 2020, Bakou a pu compter sur l’aide non négligeable de l’Etat hébreu. Comme l’a relevé Le Figaro, l’Azerbaïdjan avait utilisé des armes à sous-munitions de fabrication israélienne, notamment des roquettes de type LAR-160, dont des débris ont été retrouvés dans la région contestée du Haut-Karabakh. 

Au-delà de l’aide turque dans ce conflit par l’intermédiaire des drones Bayraktar TB2, Bakou avait à sa disposition le fleuron de l’industrie israélienne. Les «Harop», ces drones kamikazes israéliens capables d’exploser sur leurs cibles avec une précision chirurgicale, auraient joué un rôle décisif dans le conflit. Ces armes redoutables sont produites par l’entreprise publique Israël Aerospace Industries (IAI), qui fournit également à Bakou des missiles de type Lora d’une portée de 430 kilomètres. L’Azerbaïdjan avait déjà passé commande en 2018. En 2016, le pays avait également signé un contrat de près de 5 milliards de dollars avec des entreprises israéliennes d’armements. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), entre 2016 et 2020 Israël représentait 69% des principales importations d’armes de l’Azerbaïdjan. Un chiffre à la hausse. 

Une alliance mal perçue du côté de Téhéran

Cette relation ne serait pas sans intérêt non plus pour Israël. Outre ce commerce rentable, l’Azerbaïdjan est le principal fournisseur en pétrole de l’Etat hébreu. Il couvre environ 40% de ses besoins en hydrocarbures, via l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, selon la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques. Mais avec le récent rapprochement entre Israël et les monarchies du Golfe, cette dépendance à l’or noir azéri pourrait diminuer dans le temps. Or, c’est surtout la position géographique de Bakou qui intéresse les dirigeants israéliens. 

L’Azerbaïdjan partage en effet 611 kilomètres de frontières communes avec l’Iran, l’ennemi juré de l’Etat hébreu. Le territoire azéri servirait également de base arrière pour le Mossad, qui disposerait de plusieurs stations de surveillance. D’ailleurs, Téhéran a de maintes fois averti Bakou que l’Iran «ne tolérera pas la présence du régime sioniste [Israël] près de ses frontières».

De surcroît, la République islamique s’inquiète de l’influence que pourrait avoir Bakou sur sa propre minorité azéri qui représente près d’un quart de la population iranienne. Régulièrement, cette communauté fait part de son irrédentisme. Un danger que Téhéran prend très au sérieux. De ce fait, l’Iran, malgré la religion commune avec l’Azerbaïdjan, a toujours été neutre dans le conflit du Caucase. Par le passé, il a même soutenu militairement Erevan. Aujourd’hui, l’Iran s’inquiète grandement des retombées territoriales en cas de reprise du conflit. Le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a déclaré le 14 septembre que la frontière entre l’Iran et l’Arménie doit être préservée «sans aucun changement», la qualifiant de «route de liaison historique».

Une position qui laisse entrevoir l’importance stratégique de la région, et de l’Azerbaïdjan comme tête de pont israélienne dans le Caucase.




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