Les vins et spiritueux français ont vu baisser leurs exportations en 2024. Les conflits commerciaux avec la Chine et les États-Unis pourraient intensifier ce phénomène et mettre en danger les alcools français, jusqu’à présent épargnés par la crise.
Dans les allées du salon Wine Paris, dans la capitale française, l’heure est à l’inquiétude. Le président de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux de France (FEVS), Gabriel Picard, met en garde contre l’érosion de l’excédent commercial français dans le domaine des vins et spiritueux. Celui-ci s’élève en 2024 à 14,3 milliards d’euros, soit une baisse de plus de 3,4 % par rapport à l’année précédente.
Les organisations représentant le secteur ont multiplié les entretiens avec des personnalités politiques pour les sensibiliser à la situation, à l’image des Vignerons indépendants, qui ont échangé avec le député MoDem et ancien ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau.
Échanges toujours aussi direct avec @MFesneau et le groupe @MoDem sur les ambitions de conquête export que nous portons pour notre filière et nos TPE. Consolidation de nos trésoreries, PLF et PLOA outils de meilleure compétitivité du secteur ! @HubertOttAlsacepic.twitter.com/GatXVnZc5u
— Vignerons Indépendants de France (@vigneronindep) February 11, 2025
Ce secteur, jusqu’alors préservé de la crise, se trouve particulièrement exposé avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis et dans un contexte de tensions commerciales avec la Chine.
Un des «rares postes excédentaires» en péril
Lors d’une conférence prononcée devant des professionnels du secteur ainsi que des visiteurs du salon, Gabriel Picard a rappelé que le secteur des vins et spiritueux est l’un des «rares postes excédentaires» de la France, et ce, même si, depuis 2022, la filière a perdu 29 millions de caisses à l’export. Le président de la FEVS a exhorté les pouvoirs publics à agir face au risque de crise dans le secteur, déclarant notamment : «L’export reste notre avenir, ne lâchons rien !».
Ce même 11 février, la FEVS publiait son rapport annuel 2024 sur les exportations françaises, qui indiquait des baisses à tous les niveaux : -4 % de chiffre d’affaires, -0,1 % d’exportations en volume et, par conséquent, -3,4 % d’excédent.
Dans le détail, la chute des ventes de Champagne pèse fortement dans ces chiffres, avec une baisse de 8 % des exportations. À cela s’ajoute une moindre consommation de vins de Bordeaux (-8 %) ainsi qu’une correction des prix après l’inflation de 2023.
Les spiritueux connaissent également un léger repli, avec une baisse des exportations de 6,5 %, qui s’expliquerait essentiellement par la chute des ventes en Asie.
Conflits commerciaux et barrières douanières
Le marché des vins et spiritueux se trouve dans une situation particulièrement incertaine, alors que les ventes à destination de la Chine ont baissé en raison d’un contexte économique moins favorable dans l’Empire du Milieu. En revanche, 2024 a marqué un regain des ventes vers les États-Unis, mais celui-ci pourrait s’avérer trompeur, car ce rebond correspondrait à une reconstitution des stocks et à des achats préventifs face au risque de taxes imposées par la nouvelle administration au pouvoir.
Dans un contexte de tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, les vins et spiritueux français se trouvent pris en tenaille entre le risque de voir Washington augmenter ses barrières douanières et l’accentuation du conflit entre l’Union européenne et la Chine.
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