Chroniques

Nemanja Majdov sur sa suspension : «Je ne veux pas trahir ma foi pour un dîner, même au prix d’une médaille !»

Nemanja Majdov, un judoka serbe, a évoqué lors d’une interview exclusive accordée à RT Balkan sa suspension lors des Jeux olympiques de Paris.

«Je ne renoncerai jamais à faire mon signe de croix et je n’aurai jamais honte de le faire», a déclaré publiquement et sans ambiguïté Nemanja Majdov. 

Il y a quelques jours, l’athlète serbe a expliqué sur les réseaux sociaux qu’il avait été suspendu, selon ses propos, pour avoir violé les normes éthiques [de la Fédération de judo] lors des Jeux olympiques.

Il a précisé qu’il avait été sanctionné pour avoir fait un signe de croix avant le début de son combat contre le Grec Theodoros Tselidis.

La Fédération internationale de judo (FIJ) a publié un communiqué qui a eu un grand retentissement, mentionnant que le judoka serbe avait reçu plusieurs avertissements par le passé et qu’il «n’avait pas respecté l’esprit du judo». Selon Nemanja Majdov, ce n’est pas le première fois que cela arrive dans le judo, mais une chose est certaine, il ne reviendra pas sur sa position.


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«Je ne pense pas que cette sanction me vise personnellement, mais la majorité des athlètes partagent mon point de vue. Presque tous, en fait», a reconnu Nemanja Majdov au début de l’interview accordée à RT Balkan.

«Certains sont conditionnés, d’autres ont peur, d’autres encore dépendent des autres et par conséquent ne peuvent pas en parler en public, tout cela est compréhensible. Pour l’instant, je ne dépends de personne, j’ai reçu toutes les récompenses possibles dans ce sport. Cependant, peu importe que je dépende de quelqu’un, le numéro un, c’est Dieu !»

«Je n’aurai jamais honte de me signer»

Lors de l’entretien, l’un des meilleurs judokas du monde a souligné à plusieurs reprises l’importance de la foi dans sa vie et sa grande reconnaissance envers Dieu. C’est bien pour cela que l’injustice dont il a été victime a été encore plus douloureuse.

«Je crois que personne n’a le droit d’interdire à quiconque de se signer. Non seulement de faire son signe de croix, mais aussi de pratiquer n’importe quelle forme de religion. C’est le droit non seulement des athlètes mais aussi de toute personne. Surtout dans le sport, lors de moments forts comme celui qui précède un match.»

«Je parle en tant que représentant de ces athlètes et avant tout je parle en mon nom. Je ne renoncerai jamais à me signer et je n’en aurai jamais honte !»

Indirectement, il a également évoqué la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Paris, lors de laquelle il s’est passé diverses choses et surtout une parodie des valeurs chrétiennes.

«Quel que soit le monde dans lequel nous vivons, nous devons persister parce que nous savons qui a créé ce monde et qui est le Tout Puissant. Je me réjouis de cette opportunité de représenter tous ces athlètes chrétiens. Non seulement les chrétiens, mais aussi les personnes d’autres confessions qui sont confrontées aux mêmes problèmes. J’ai reçu un soutien au niveau mondial, de l’Argentine à l’Australie, je ne pensais pas que cela irait aussi loin.»

«Le problème ce n’est pas moi, je survivrai à ces cinq mois de suspension comme à tout le reste. Il n’y a rien de terrible à cela. Mais ce geste est important. Je tiens à déclarer qu’il ne peut pas être interdit car cela va à l’encontre des droits de tous.»

Le champion du monde et d’Europe s’est retrouvé sous les feux de la rampe lors des Jeux olympiques après avoir réagi à sa défaite en huitièmes de finale. Les arbitres lui ont attribué trois cartons jaunes pendant le match, ce qui signifiait une disqualification automatique. Il a fini en larmes, son adversaire grec l’a réconforté et ensuite, il a qualifié les organisateurs, entre autres, d’ordures sataniques.

«La suspension n’a rien à voir avec la publication sur les réseaux sociaux, ils ne l’ont annoncée nulle part», a-t-il clairement déclaré.


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«Ils ont dit que la première infraction, c’était lorsque je me suis signé, parce qu’en fait j’avais reçu deux avertissements auparavant pour la violation du code d’éthique [de la Fédération]. La première fois, j’ai fait mon signe de croix à Pâques en Turquie lorsque j’ai gagné le tournoi du Grand Chelem en 2018. Puis en 2022, je me suis signé lors du Masters de Jérusalem où j’ai également remporté une médaille. Je me suis signé quand j’ai gagné le match car nous savons que Jérusalem est une terre bénite. Et la dernière fois à Paris, ce qui fait trois avertissements.»

Outre la violation du code éthique, la décision de suspension mentionnait d’autres raisons.

«Ils ont déclaré qu’aux Jeux olympiques de Paris, je n’avais pas salué mon adversaire et que j’avais défait ma ceinture en sortant du tatami et non sur le tatami. Pour ça aussi, on reçoit d’abord un avertissement, puis on punit. C’est la première fois que je suis confronté à ce genre de situation. Le troisième avertissement pour violation du code éthique a été décisif.»

Le judoka serbe nous a indiqué que la suspension prenait effet immédiatement et qu’il n’avait pas le droit de porter plainte.

«Il y a un mois, on m’a envoyé une notification et j’ai eu jusqu’au 20 août au plus tard pour y répondre. J’ai envoyé de bon cœur le texte que vous pouvez trouver sur leur site web. Je leur ai écrit sur ce problème et sur les problèmes généraux des judokas dans le monde entier. On accorde tant d’attention aux choses qui vont à l’encontre de toutes les normes morales, mais on ne tient pas compte du fait que seules dix personnes dans le monde vivent du judo. Tous les autres survivent, ils le font par pure motivation.»

Il a répété qu’il ne faisait pas tout cela pour lui-même, mais parce qu’il voulait mettre en avant les vraies valeurs et essayer d’attirer l’attention de l’opinion publique sur d’autres problèmes liés au judo.

«Ronaldo ou Djokovic se signent avant leur match»

«Je me sens bien, Dieu merci, j’ai tout ce qu’il me faut. Je suis l’un des plus grands athlètes dans ce sport, j’ai réussi à devenir champion d’Europe et du monde. Dans ma vie personnelle, je suis un homme prospère, heureux, millionnaire. Peu m’importe, mais je parle au nom de ces gens. Je suis constamment en contact avec eux et je sais à quel point leur vie est difficile. Personne ne se soucie d’eux, mais pour des choses comme ça, les gens sont bannis de leur travail.»

Nemanja Majdov est né dans l’est de Sarajevo, il a cité l’exemple d’autres sports où il est permis de montrer son appartenance religieuse.

«Je ne sais pas si c’est interdit dans d’autres sports. Ce n’est pas interdit pour [Cristiano] Ronaldo ou [Novak] Djokovic. Ils se signent avant leur match, tous les boxeurs font une sorte de rite religieux. Mais cela ne dure pas une heure, ils se signent, c’est tout. Les personnes d’autres confessions se prosternent aussi et c’est tout à fait normal et personne n’est puni. Je ne sais pas pourquoi c’est comme ça au judo, mais je pense que cela doit cesser.»

Il est possible de faire appel devant le Tribunal arbitral du sport de Lausanne (TAS), mais Nemanja Majdov dit ne pas y avoir encore pensé.

«Je ne suis pas très au courant. J’ai reçu beaucoup d’appels concernant les avocats, mais je ne suis pas sûr de vouloir le faire. Je n’ai aucun problème avec la Fédération mondiale de judo, ils font un travail énorme pour le développement du judo en tant que sport. C’est juste que ce n’est pas la bonne approche et qu’ils doivent y remédier. Je ne veux entrer en conflit avec qui que ce soit, parce que le judo a un très haut niveau en termes d’organisation.»

Le judoka serbe est donc sur le point d’accepter tout simplement la sanction, avant de revenir à la compétition l’année prochaine.

«Si j’avais suivi cette voie (porter plainte), je pense que j’aurais déjà fini ma carrière de judo et je ne veux pas la finir parce que je pense qu’à 28 ans, je suis toujours l’un des meilleurs au monde. Je veux continuer à faire la joie de tous les Serbes, de tous les orthodoxes et les chrétiens du monde entier et les rendre fiers de moi !»

Il a également expliqué quel sera l’impact de cette pause sur la suite de sa carrière.

«Ça aura peu d’incidence, ça n’affectera pas grand chose, je serai seulement privé de la partie automnale de la saison. Je reviendrai, si Dieu le veut, l’année prochaine. Je vais me préparer à poursuivre ma carrière. Je suis à un moment de ma carrière où j’ai tout gagné, je ne dépends de personne et je ne cherche pas un résultat particulier. Je le fais parce que j’aime être l’un des meilleurs, j’aime représenter mon peuple, j’aime gagner. Je remercie Dieu pour tout !»

Pour finir, il a remercié Dieu encore une fois pour tout ce qu’il avait et répété qu’il resterait fidèle à ses décisions.

«C’est la volonté de Dieu. C’est une sorte d’épreuve que Dieu m’a envoyé pour me tenter. Ce n’est certainement pas sans raison. Je ne vendrai pas ma foi pour un déjeuner, une médaille ou un titre !»

«C’est l’essentiel pour moi. Le Seigneur Jésus-Christ m’a tout donné : toute ma carrière, ma famille, et il nous a tous créés. Et nous irions l’échanger contre une médaille, ou pour ainsi dire, nous baisserions la tête quand viendrait l’heure de choisir… Je ne veux pas baisser la tête, a conclu Nemanja Majdov pour RT Balkan.»




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