Fustigeant l’«arrogance» des Occidentaux et prônant un monde respectueux des identités et de la souveraineté de chacun, le président russe a estimé ce 5 octobre que la paix mondiale ne prévaudrait pas tant qu’un hégémon tentera de s'imposer
«Il faut rejeter l’arrogance et arrêter de regarder les autres comme des partenaires de second rang ou comme des sauvages», a lancé ce 5 octobre Vladimir Poutine. Dans un discours prononcé lors de la session plénière de la réunion du Club de discussion Valdaï, organisée à Sotchi, le président russe a longuement critiqué l’état d’esprit des Occidentaux à l’aune des origines du conflit en Ukraine, mais surtout précisé les positions de la Fédération de Russie.
Poutine : «La Russie n’est pas intéressée par la reconquête de territoires supplémentaires»
«La crise ukrainienne n’est pas un conflit territorial», affirme Vladimir Poutine. «La Russie, au vu de son territoire, est le plus grand pays du monde. Nous ne sommes pas intéressés à conquérir des territoires supplémentaires. Nous avons les territoires de la Sibérie, de Sibérie Orientale et de l’Extrême-Orient à développer», insiste-t-il. Avant de poursuivre : «Ni même d’un équilibre géopolitique régional, il s’agit d’une question beaucoup plus large et fondamentale.»
Un conflit pour «l’équilibre dans le monde»
«Une paix durable ne sera établie que lorsque tous se sentiront en sécurité, comprendront que leurs opinions sont respectées et qu’il y a un équilibre dans le monde où personne n’est capable de forcer, de contraindre les autres à vivre et à se comporter comme l’hégémon le souhaite», développe Vladimir Poutine auprès de l’assemblée.
A ses yeux, les Occidentaux sont enfermés dans une logique de confrontation des blocs, «un héritage vicieux du XXe siècle», juge-t-il, le «produit de la culture politique occidentale, en tout cas de ses manifestations les plus agressives», enchérit-il. «L’Occident, une certaine partie des élites occidentales, a toujours besoin d’un ennemi contre lequel il lutte, ce qui justifie la nécessité d’une action de force et d’une expansion», développe le président russe, estimant que cet ennemi est «également nécessaire pour maintenir le contrôle interne dans un système déterminé».
«Chacun peut devenir la cible de ce dominateur, de cet hégémon, qui a perdu le sens de la mesure, le sens de la réalité», estime Vladimir Poutine, qui pointe également du doigt la «perte du sens de la réalité» des Occidentaux. «Toutes les limites possibles et imaginables ont été dépassées», s’indigne le président russe.
Mentalité néocoloniale : «Il est absolument nécessaire de sortir de ce cercle vicieux», selon Poutine
Pour lui, il faut «sortir de ce cercle vicieux» qui mène depuis «des siècles» à la guerre. «Il est temps de se débarrasser de cette mentalité de l’ère coloniale», assène Vladimir Poutine : «Cette époque est terminée depuis longtemps et ne reviendra jamais», poursuit-il, interpellant les Occidentaux.
Six principes fondamentaux selon Poutine
Revenant sur les recommandations d’un rapport du club Valdaï préparé pour cette séance plénière, Vladimir Poutine a égrainé six principes sur lesquels devraient reposer les relations internationales aux yeux de la Russie :
- «Nous voulons vivre dans un monde ouvert et interconnecté, dans lequel personne ne tentera jamais de mettre des barrières artificielles sur la voie de la communication entre les gens».
- «La diversité du monde doit être préservée et servir de fondement au développement universel».
- «Nous sommes pour une représentation maximale. Personne n’a le droit ni la capacité de gouverner le monde pour les autres et au nom des autres».
- «Nous sommes pour la sécurité universelle et un monde fondé sur le respect des intérêts de tous : des grands pays aux petits».
- «Nous défendons la justice pour tous. L’ère de l’exploitation est révolue ; tout le monde devrait avoir accès aux avantages du monde d’aujourd’hui».
- «Nous défendons l’égalité, la diversité des potentiels de tous les pays».
Au cours de son allocution, le président russe est revenu sur les origines de la crise en Ukraine : le coup d’Etat de Maïdan de 2014, soutenu par les Occidentaux, puis le bombardement des années durant des régions du Donbass par les forces de Kiev. «Une vraie guerre contre le peuple du Donbass» durant laquelle «personne, surtout en Occident, n’a versé une larme pour les victimes», fustige Vladimir Poutine.
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