Suite à l’annonce par la chaîne Pervy Kanal du départ forcé d'Allemagne, d'ici mi-décembre, de deux de ses journalistes, la Russie va expulser deux journalistes du groupe de médias allemand ARD. Une «mesure miroir», annoncée ce 27 novembre par la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
La Russie a annoncé ce 27 novembre qu’elle allait expulser deux journalistes du groupe audiovisuel public allemand ARD. Une mesure qui se veut une réponse au départ annoncé le matin même de deux journalistes de la chaîne russe Pervy Kanal en Allemagne.
«Les correspondants allemands, en réponse aux actions inamicales de Berlin contre les correspondants russes, ont reçu l’ordre de rendre leurs certificats d’accréditation et de quitter le territoire de la Fédération de Russie en tant que mesure symétrique» a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, citée par l’agence TASS.
Dans le même temps, la diplomate a indiqué que la Russie était prête à accréditer de nouveaux employés de l’ARD «mais seulement après que le gouvernement allemand aura créé les conditions pour les journalistes russes et la reprise complète des activités du bureau de Pervy Kanal à Berlin».
Dans la matinée, Maria Zakharova avait promis des «mesures de représailles» après l’annonce, par la chaîne Pervy Kanal, que les autorités allemandes auraient décidé de fermer son bureau en Allemagne. A l’antenne, son correspondant Ivan Blagoï a déclaré devoir quitter le pays, avec son caméraman Dmitri Volkov, d’ici la mi-décembre. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Grouchko, avait également déclaré à l’agence Ria Novosti que la Russie «rendrait la pareille» aux autorités allemandes.
Berlin dément et se défausse sur les «autorités régionales»
De son côté, Berlin a démenti «avoir fermé» le bureau de la chaîne russe. «Les affirmations russes sont fausses : le gouvernement fédéral n’a pas fermé le bureau de cette chaîne», a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Christian Wagner, lors d’un point de presse. Celui-ci a affirmé que, de manière générale, «les journalistes russes peuvent exercer librement et sans entrave en Allemagne».
Le porte-parole n’a pas exclu que les deux journalistes se soient vu refuser un permis de séjour ou une extension de titre de séjour, soulignant que ces décisions en Allemagne «relèvent toujours des autorités régionales» et non de Berlin.
Si elle se concrétisait, cette fermeture de Pervy Kanal en Allemagne et le départ de ses journalistes viendrait s’inscrire dans un contexte de tensions grandissant au sein des pays européens à l’égard des journalistes et des médias russes.
Depuis l’éclatement du conflit entre Kiev et Moscou, l’Union européenne a interdit de diffusion plusieurs médias russes, dont RT et Sputnik, qu’elle accuse de «diffuser intentionnellement de la propagande et mener des campagnes de désinformation», y compris sur le conflit ukrainien. Les sanctions économiques de Bruxelles avaient eu raison, notamment en France, des antennes de RT et Sputnik, placées en liquidation judiciaire et dont l’ensemble des salariés avaient été licenciés.
Au-delà de cet interdit de diffusion, au mois de juillet, lors des Jeux olympiques de Paris, trois reporters et un photographe de l’agence TASS, s’étaient vu retirer leur accréditation durant les JO. Des mesures qualifiées d’«inacceptables» par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dénonçant une «atteinte à la liberté des médias».
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