La décision de rétrograder le loup d’espèce strictement protégée à protégée en Europe continue de diviser. Si cette mesure est présentée comme une réponse aux préoccupations des éleveurs, certains pointent un motif personnel : la présidente de la Commission européenne aurait fait de ce dossier une affaire personnelle après la mort de son poney.
Le Convention de Berne, qui assure la protection de la faune en Europe, lors de sa réunion du 3 décembre à Strasbourg, a validé une proposition de l’UE modifiant le statut de protection des loups sur le Vieux continent.
Ces animaux, dont la population a presque doublé en dix ans pour atteindre 20 300 individus, passent de «strictement protégés» à «protégés». Cet ajustement viserait à faciliter leur régulation, notamment pour protéger le bétail.
Selon le Conseil de l’Europe, cette «modification prendra effet dans trois mois, à moins qu’au moins un tiers des parties à la Convention de Berne ne s’y oppose». Si cette décision réjouit de nombreux éleveurs, qui dénoncent depuis des années les ravages causés par les loups sur leurs troupeaux, elle inquiète les associations écologistes qui redoutent une intensification des abattages.
Une vengeance personnelle ?
Cependant, cette réforme suscite des critiques acerbes, certains l’associant directement à un épisode tragique dans la vie d’Ursula von der Leyen.
Début septembre 2022, dans sa propriété en Basse-Saxe en Allemagne, le poney d’Ursula von der Leyen avait été tué par un loup. L’attaque s’était déroulée «à seulement une centaine de mètres du domicile familial», avait alors souligné Bild, précisant que l’équidé, dénommé Dolly, était le poney «préféré» de la présidente de la Commission européenne.
Selon plusieurs médias comme Politico, qui a publié un article à ce sujet en juin 2024, cet incident aurait profondément marqué la patronne de l’organe exécutif européen, qui aurait par la suite intensifié ses efforts pour assouplir les lois protégeant les loups. «Les loups représentent un danger réel pour le bétail et potentiellement pour les humains», avait-elle déclaré en septembre dernier, appelant à une «nouvelle ère» dans la gestion de cette espèce en Europe.
Pour certains observateurs, cette «croisade» irait bien au-delà de simples préoccupations écologiques ou agricoles. «Allons-nous permettre à la présidente de la Commission de se venger personnellement parce qu’un de ses poneys a été victime d’un loup ? Si le loup n’est plus protégé, il y a de fortes chances qu’il soit exterminé par la chasse, comme au XIXe siècle», avait lancé Leonie Vestering, députée néerlandaise du Parti pour les animaux, lors d’un débat parlementaire quelque jours après l’appel de von der Leyen a réviser le statut de protection du loup.
Selon Vestering, cette réforme pourrait être le fruit d’un «abus de pouvoir» visant à régler des comptes personnels plutôt qu’à répondre à un besoin collectif.
Des accusations similaires avaient émergées dans les cercles écologistes.Ces critiques rappellent que l’incident ayant causé la mort de Dolly, bien que tragique, n’est pas représentatif d’un danger généralisé, les loups restant des animaux discrets dans la majorité des régions européennes.
Un débat polarisé en Europe
Malgré ces critiques, les éleveurs, principaux bénéficiaires de cette décision, soutiennent massivement cette réforme. En France, environ 20 % de la population de loups sont abattus chaque année, dans le cadre des quotas autorisés par l’État, mais cela ne suffit pas à endiguer les plaintes.
En Allemagne, des responsables régionaux comme Olaf Lies, ministre de l’Environnement de Basse-Saxe, soulignent la lenteur des processus d’intervention face aux loups. «Les mesures ne peuvent être prises que lorsqu’il est trop tard», a-t-il déploré, appelant à un cadre juridique plus souple.
Pour Ursula von der Leyen, l’assouplissement du statut de protection des loups représente une victoire politique, mais les accusations de partialité entachent ce succès. Le lien entre la mort de son poney et sa détermination à réguler les loups jette une ombre sur la légitimité de son action.