Chroniques

Quel Landru cette Ukraine ! par Jean-François Marchi

Avocat au barreau de Paris, Jean-François Marchi estime que la place accordée en France à la couverture du conflit ukrainien permet de détourner l'attention de la population des difficultés qui se multiplient dans son propre pays.

Quel Landru cette Ukraine ! Je m’explique : à la fin de la guerre de 14-18, quand il fallut procéder aux négociations de paix, dont résultèrent les traités de Versailles, Saint-Germain, Sèvres et Trianon, les difficultés furent multiples et les opinions publiques électrisées. L’affaire Landru s’imposa alors comme diversion et détourna l’attention de l’opinion, le temps de hâter leur signature.

Jean-François Marchi est avocat au barreau de Paris et au barreau de Bruxelles. Il est également auteur dramatique et chroniqueur.

La France, qui avait gagné la guerre au prix de sacrifices hors du commun, perdit alors la paix sur l’autel des rêves démocrates du président Woodrow Wilson. Hélas, la guerre de 1914-1918 fit 21 millions de morts et 20 millions de blessés. 25% des victimes furent françaises, 2% américaines, et c’est pourtant l’Amérique qui sabota les traités. Contrairement à l’adage, ce ne fut pas celui qui avait payé le prix fort qui commanda en l’occurrence. D’où l’affaire Landru comme hypnotisme collectif.

Ça recommence aujourd’hui, l’Ukraine jouant le jeu de feu Landru, en boucle sur les chaînes télé, tandis que sautillant de forums en forums, le représentant de ce qui reste de la France s’évertue à gagner le concours du plus gros avaleur de couleuvres du monde. Au vrai, l’Europe s’est suicidée en 14-18. Elle recommence, car l’histoire n’apprend jamais rien aux imbéciles et aux prétentieux.


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Pendant ce temps-là, ce qui crève les yeux n’est même pas remarqué, comme le saccage de la ville de Paris par la folie méchante de qui hait la beauté et l’ordre véritable. Il faut mettre Paris sous tutelle, mais qui pourrait le faire ne le fera pas, par lâcheté, calcul, démagogie et vileté d’âme. Nulle Sainte Geneviève ne viendra cette fois-ci sauver Paris des hordes d’Attila, car celle-ci est à l’intérieur de la cité et la gouverne. L’Attilate de circonstance ne se contente pas de détruire la cité, elle la livre aux fous et aux idéologues. Le pouvoir n’en a cure, car il n’existe plus que dans le rôle de moulin à paroles. Tel ministre annonce l’embauche de 40 000 supplétifs pour aider la police au moment du naufrage fatidique que seront les Jeux olympiques : paroles et billevesées, les sociétés concernées avouent ne pas disposer de tels effectifs ! Que diable, on s’en fiche, on l’a dit. C’est comme si c’était fait. Mais ce ne sera pas fait !

Impuissance, verbiage, suivisme, la France n’est plus qu’une colonie peuplée de dupes. Et les Français s’en vont par milliers. Par millions bientôt. Avec les gros sabots de la c… sachante, qui gouverne mais ne voit pas que seul le sauvetage de la capitale pourrait redonner confiance au populaire. Peut-être la mode est-elle à la réhabilitation de Deschanel… Pourquoi pas.

Les héros du jour ne seront plus Clemenceau ni De Gaulle, mais tous les perdants, tous les ratés dont le but fut toujours de nier dans la France ce qui fut universellement grand. On ne peut s’y tromper quand l’assassinat de la langue devient la priorité des priorités. Voilà pourquoi, une fois encore, l’Angleterre a pris de l’avance sur nous en quittant le machin. Elle sauve sa langue, conserve son roi et surtout Shakespeare.

Quant à nous, les nains en sont réduits dans nos écoles à réécrire Molière pour le rendre compréhensible. Sauve qui peut ! La politique de la France ne se décide pas à la corbeille de la bourse, avait laissé tomber le général De Gaulle. Hélas, aujourd’hui si ! Tout ce que le Grand homme méprisait se trouve aux commandes et plastronne. L’économie doit diriger, stentorent ceux qui ne connaissent rien ni à la politique ni à l’économie. L’économie est la conséquence et le moyen de la politique, comme l’œil au  beurre noir la conséquence du reproche véhément, rien d’autre. Il ne faut pas confondre économie et finances. Là serait l’erreur. Le grand Colbert disait au Roi qu’une bonne politique dépendait de bonnes finances. Bien sûr. Mais les finances restent là cantonnées dans le rôle de porte-monnaie, pas de modèle de société.

On ne peut pas vouloir faire d’un moyen une fin en soi, sauf à rendre l’homme otage de la mécanique, ce qui est le contraire justement de la politique qui demeure, quel que soit le régime politique, le critère du fonctionnement d’un Etat impartial. Il n’y eut qu’un seul banquier grand politique français, le président Georges Pompidou, ex-directeur de la banque Rothschild. Homme d’honneur, il avait laissé au vestiaire toute attitude de soumission envers le monde de la finance internationale. Il le démontra en nommant Michel Jobert au poste de ministre des Affaires étrangères. J’ai bien dit qu’il était le seul de son espèce.

Paraphrasant Leon Daudet, l’imparable polémiste, fils de l’auteur des Lettres de mon moulin, je pourrais ajouter qu’il fut l’un des rares hommes qui gouvernèrent à ne pas avoir été aveuli par les contacts internationaux, jusqu’à la prostitution du chéquier de la France. La globalisation est un miroir qui ne fascine que les étourneaux. Il ne faut être que du rien pour se noyer dans le grand tout.

La France survivra à ceux qui conspirent sa disparition, comme il en fut toujours le cas depuis qu’elle existe, malheureusement toujours aux prix de catastrophes. L’Angleterre nous a montré l’exemple. Comme De Gaulle en 1940, il faut la suivre. Au cas où vous ne l’auriez pas vu, c’est aujourd’hui la débâcle, l’argent a disparu et ne s’ouvrent devant le citoyen que les chemins de la fuite pour conserver son niveau de vie. Les Jeux olympiques ? Lesquels ? Dans un vieux pays chrétien, il n’étonnera personne qu’à la fin novembre les municipalités et les demeures, comme il en a toujours été, préparent les crèches de Noël, ornées comme il se doit des santons provençaux traditionnels. Et comme chaque année se lèvent les comités Théodule malveillants dont la croisade imbécile consiste à vouloir interdire la perpétuation des traditions. Il y a une diagonale de l’imbécillité qui va de la messe à celle de la corrida. Il est à craindre que les seules clameurs audibles par qui mène la barque soient les leurs. C’est tout dire. «L’homme est la mesure de toute chose», dit le philosophe grec Protagoras. Oui, mais quel homme ? «Sagesse et beauté paraissent vils aux êtres vils, l’ordure ne peut goûter que l’ordure», comme le dit Le Roi Lear.

Jean-François Marchi




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