France

«Ras-le-bol général» : le gouvernement français attendu face à la colère des agriculteurs

Les agriculteurs français poursuivent ce 25 janvier leurs actions et attendent de pied ferme une réponse du gouvernement à leur demande d'aides «immédiates» de plusieurs centaines de millions d'euros.


«La prochaine étape, ce sera certainement Paris» : la contestation des agriculteurs s’accentue à travers la France

En France, la journée du 25 janvier s’annonce sous haute tension, alors que le mouvement, endeuillé par les décès accidentels d’une éleveuse et de sa fille le 23 janvier sur un barrage routier, a encore pris de l’ampleur le 24 janvier. Les actions doivent se poursuivre, sur les autoroutes, rocades et ronds-points.

A la suite de la Fédération nationale des exploitants agricoles (FNSEA, premier syndicat d’agriculteurs) et de la Coordination rurale, la Confédération paysanne -troisième syndicat d’agriculteurs, classé à gauche- a appelé à la mobilisation.

Après les organisations représentatives des agriculteurs, le Premier ministre français Gabriel Attal doit réunir ce 25 janvier les ministres de l’Agriculture, de la Transition écologique et de l’Economie. Des premières mesures devraient être annoncées ce 25 ou le 26 janvier, a appris l’AFP de sources concordantes au sein de l’exécutif. 

«Ras-le-bol général», «exaspération», «l’agriculture va mal», «pessimisme» : en France, la fronde partie du Sud-Ouest du pays la semaine dernière prend de l’ampleur avec de nombreux blocages routiers dans le pays. «Attendre jusqu’à vendredi pour avoir des annonces, c’est prendre beaucoup de risques. Plus on attend, plus il va falloir qu’elles soient costaudes, les mesures» avait mis en garde Karine Duc, co-présidente de la Coordination Rurale du département du Lot-et-Garonne (Sud-Ouest).

La grogne des agriculteurs touche aussi d’autres grands pays agricoles européens et la Commission européenne réunit jeudi organisations agricoles, secteur agroalimentaire, ONG et experts pour tenter de calmer la colère.

Des pêcheurs attendus à Rennes

A Rennes (Ouest), une manifestation est organisée en matinée par la Coordination rurale. Des pêcheurs pourraient s’y joindre. Juste au nord de Paris, dans l’Oise, une cinquantaine de tracteurs n’excluent pas d’avancer vers la capitale française en fonction des annonces du gouvernement – même si le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a écarté «à ce stade» un éventuel blocage.

En Occitanie (Sud-Ouest), point de départ de la protestation agricole, l’autoroute reliant Toulouse à Bayonne restait coupée le 24 janvier au soir à 40 km de Toulouse pour la huitième journée consécutive.

Des interdictions de circulation touchaient d’autres autoroutes au nord d’Avignon et de Marseille (Sud-Est). De nouveaux blocages et fermetures d’autoroutes sont prévus ce 25 janvier dans plusieurs régions.

Le 24 janvier, la tension est montée d’un cran en fin de journée à Agen dans le Lot-et-Garonne quand des membres de la Coordination rurale ont brûlé de la paille et des pneus devant la préfecture, sous les yeux de forces de l’ordre impassibles.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a donné le 24 janvier au soir des consignes de «grande modération» aux préfets, leur demandant de ne faire intervenir les forces de l’ordre qu’en «dernier recours». «Ne cédez pas à la tentation de certains de semer le trouble», a aussi appelé Arnaud Gaillot, président des Jeunes agriculteurs (JA) lors d’une présentation en direct sur X (anciennement Twitter).

La FNSEA appelle à un «chantier de réduction des normes»

Cultivateurs et éleveurs partagent un même malaise sur leur avenir, écartelés entre désir de produire et nécessité de réduire l’impact sur la biodiversité et le climat, sur fond de revendications très diverses : marges de la grande distribution, jachères, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole…Des annonces immédiates sont possibles, comme une ristourne sur le carburant des tracteurs.

La FNSEA a réclamé le 24 janvier au soir au gouvernement des «réponses immédiates sur la rémunération» dont une aide d’urgence aux «secteurs les plus en crise», et, à plus long terme, la mise en œuvre d’un «chantier de réduction des normes».

«On parle de plusieurs centaines de millions d’euros», a reconnu son président auprès de l’AFP. Ce n’est «pas une base de négociations», a averti Arnaud Rousseau, appelant le gouvernement à prendre en compte «l’intégralité» de leurs propositions.




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