Lors d’une conférence de presse ce 21 décembre, Sergueï Lavrov a mis en garde l’Allemagne contre une éventuelle saisie d'actifs russes dans le pays. Depuis le début de l’offensive russe, plusieurs chancelleries occidentales réfléchissent à des moyens de saisir les fonds russes gelés sur leurs territoires.
Depuis Carthage, où il était ce 21 décembre en visite officielle, Sergueï Lavrov n’a pas mâché ses mots à l’encontre des autorités allemandes. «C’est une nation voleuse, nous l’avons compris depuis longtemps», a déclaré le ministre aux journalistes qui l’interrogeaient sur une potentielle saisie d’avoirs russes en Allemagne.
«Auparavant, c’était une nation fourbe, disons, sur le plan politique, dans leur refus de respecter leurs engagements et leurs tentatives de tromper les autres. Aujourd’hui c’est une nation voleuse au sens propre» a poursuivi Lavrov.
Saisie d’actifs russes en Allemagne : «la Russie a de quoi confisquer en réponse», assure Lavrov
Le 20 décembre, le bureau du procureur général allemand a confirmé le dépôt d’une requête en confiscation d’actifs devant un tribunal de Frankfort concernant 720 millions d’euros d’actifs gelés d’une société russe. Une somme qui selon Der Spiegel appartiendrait à la Bourse de Moscou et déposée auprès de la filiale allemande de JP Morgan Chase. Toujours selon l’hebdomadaire allemand, si la manœuvre juridique aboutissait, les fonds iraient droit dans les caisses fédérales.
«Les Européens ont quand même gardé quelques signes de respect envers leurs propres lois, c’est pourquoi ils hésitent à prendre de telles décisions», estime le ministre avant d’accuser que «selon nos informations, les Américains leur expliquent dans des contacts privés comment modifier ces lois pour simplement tout voler définitivement».
Des confiscations «totalement illégale et illégitime», dénonce le Kremlin
«Le ministre russe des Finances Anton Silouanov a commenté, aujourd’hui ce sujet, en affirmant qu’en cas où une telle confiscation aurait lieu, la Russie avait de quoi confisquer en retour», a conclu Lavrov.
Depuis l’introduction par les Occidentaux de sanctions à l’encontre de la Russie, suite à son offensive en Ukraine, une vingtaine de milliards d’euros appartenant à des hommes d’affaires et des entités russes ont été gelés au sein de l’Union européenne. Des fonds auxquels s’ajoutent les quelque 200 milliards d’euros de la Banque centrale russe, en grande partie détenue par la société belge Euroclear. Des pays lorgnent sur cette somme, à commencer par l’Ukraine, ou sur leurs intérêts, à l’instar de la Belgique ou de la Commission européenne dans une optique d’alléger la charge du soutien financier à Kiev.
Outre Atlantique, le procureur général américain, Merrick Garland, avait annoncé en mai avoir finalisé le transfert vers l’Ukraine de fonds russes confisqués à l’homme d’affaires russe Konstantin Malofeïev. «Bien que cela représente le premier transfert par les États-Unis de fonds russes confisqués pour la reconstruction de l’Ukraine, ce ne sera pas le dernier», avait averti Merrick Garland dans un communiqué. Le Kremlin avait, par la voix de son porte-parole, dénoncé «une confiscation d’avoirs totalement illégale et illégitime».
«Illégal» et «illégitime» : Moscou dénonce le transfert à l’Ukraine de fonds russes gelés