Alors que la Hongrie et la Slovaquie dénoncent les sanctions de Kiev contre la compagnie russe Lukoil, qui fournit une grande partie de leur approvisionnement, les Européens ont soutenu la position de la Commission européenne qui estime qu’il n’y a pas de risque «immédiat» pour les approvisionnements énergétiques de ses deux États membres.
La Hongrie et la Slovaquie, qui dénoncent les sanctions de leur voisin ukrainien sur le transit du pétrole russe à travers leurs territoires, se sont heurtées le 24 juillet à d’autres États membres de l’UE lors d’une réunion des responsables commerciaux, a rapporté le Financial Times (FT). Au cours de cette rencontre, 11 pays «sont intervenus afin de soutenir la position de la Commission européenne», ont confié trois diplomates à l’hebdomadaire britannique.
Celui-ci a précisé que le commissaire européen au commerce, Vladis Dombrovskis, lui avait expliqué que Bruxelles aurait «besoin de temps pour rassembler des preuves et évaluer la situation juridique». Même son de cloche du côté de Politico, qui a rapporté le 22 juillet que la Commission européenne estimait qu’il n’y avait «pas d’impact immédiat sur la sécurité de l’approvisionnement en pétrole de l’UE».
Le 22 juillet, Budapest a annoncé avoir demandé à l’UE d’intervenir dans ce différend qui oppose les deux pays à Kiev, les autorités ukrainiennes ayant imposé en juin des sanctions contre la compagnie russe Lukoil qui fournit une grande partie du pétrole de la Hongrie et de la Slovaquie. Un approvisionnement qui se fait via l’oléoduc Droujba, qui traverse l’Ukraine jusqu’à l’Europe centrale. Pour la Hongrie, cette décision unilatérale viole l’accord d’association passé en 2014 entre Bruxelles et Kiev.
70% des approvisionnements de la Hongrie proviennent de la Russie
Alors que 70% des approvisionnements en or noir de la Hongrie proviennent de la Russie, la moitié dépendent de Lukoil. Depuis que Kiev a interdit au brut de cette compagnie privée russe de transiter par son territoire, la Hongrie «court contre la montre pour éviter les pannes d’électricité et les pénuries de carburant», écrivait le 20 juillet le média Politico.
«Il s’agit d’une démarche inacceptable de la part de l’Ukraine, un pays qui veut devenir membre de l’Union européenne», a fustigé le 22 juillet le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó.
Dans le cas de la Slovaquie, la part de la Russie dans ses approvisionnements pétroliers monte à près de 90%. Selon son Premier ministre Robert Fico, cela signifie que la raffinerie Slovnaft, qui appartient au groupe hongrois MOL, recevra 40 % de pétrole en moins à traiter que nécessaire. De son côté, cité par Forbes Ukraine, le patron de Naftogaz, la compagnie nationale ukrainienne, a affirmé que les sanctions de Kiev n’avaient pas affecté le volume de pétrole transitant par l’Ukraine.
Par ailleurs, malgré le conflit qui les oppose, l’Ukraine ne voit pas d’inconvénient de continuer à être payée par la Russie pour le transit de son gaz, a rappelé mi-février le président russe Vladimir Poutine.
Ces sanctions ukrainiennes rendent en partie caduque l’exemption qu’avaient obtenue Budapest et Bratislava en échange de leur feu vert pour que l’UE sanctionne le secteur énergétique russe. Budapest et Bratislava sont les deux capitales européennes les moins hostiles à la Russie, leurs dirigeants plaidant en faveur d’une résolution politique du conflit.
Le 1er juillet, la Hongrie a pris la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Présidence dont la mission «la plus importante» serait de «lutter pour la paix» sur le continent européen, avait affirmé le 5 juillet, depuis Moscou, le Premier ministre hongrois Viktor Orban lors d’une mission de paix décriée par Bruxelles et raillée par Kiev.
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