Des révélations du Canard enchaîné, diffusées le 18 juin, sur des fonds du parti Reconquête que les équipes de Marion Maréchal auraient selon ses détracteurs dilapidé, relancent le conflit entre la tête de liste aux européennes qui a rallié le RN pour les législatives et Éric Zemmour.
Après le divorce, les dossiers ! La dernière édition du Canard enchaîné s’est attaquée aux dépenses des équipes de Marion Maréchal lors de la campagne des européennes. Des informations qui participent du grand déballage en cours entre les partisans d’Éric Zemmour et ceux de la tête de liste aux européennes.
Elle serait «partie avec perte et fracas laissant une préoccupante ardoise au parti», selon le journal satirique, visiblement informé par un détracteur de Marion Maréchal. En cause : des frais de campagne et des prestataires proches de l’eurodéputée fraîchement élue.
Les documents présentés évoquent des facturations pour plusieurs membres de l’équipe rapprochée de la candidate. Ainsi, le directeur de campagne de Marion Maréchal, Philippe Vardon, aurait perçu une rémunération nette de 4 700 euros, ce qui équivaut à la rémunération des assistants parlementaires les mieux payés au Parlement européen.
Le frère de ce dernier aurait aussi perçu une rémunération pour son travail dans la communication de la campagne et cela pour un salaire inférieur à 3 000 euros net mensuel.
Des chiffres publiés hors contexte ?
D’autres membres de son équipe auraient aussi été rémunérés dans le cadre de leur travail lors de la campagne. C’est le cas, selon Le Canard, de Thibault Monnier, Nathalie Caternet, Agnès Marion et Philippe Schleiter, tous via leurs sociétés de conseil, et ce dernier jusqu’à 19 000 euros par mois selon le Canard. Le total des dépenses se chiffreraient ici à 500 000 euros. Enfin, un déplacement sur l’île de La Réunion, estimé à plus de 20 000 euros pour la tête de liste, deux colistiers et une assistante, est évoqué par le journal.
L’ancien préfet Gilbert Payet, trésorier d’Éric Zemmour, se serait ainsi inquiété de ces dépenses et du «risque de rejet du compte de campagne» dès le 19 avril.
Des chiffres qui demeurent néanmoins difficiles à envisager hors de leur contexte, selon le journaliste Éric Brunet qui s’est exprimé sur LCI le 18 juin au soir : «Avouons que balancer des chiffres comme ça, c’est toujours impressionnant, mais la réalité c’est qu’on ne sait pas. Alors on a un consultant qui prend 19 000 euros par mois, mais de quoi s’agit-il ? Qu’elle est la véritable prestation qu’accomplit monsieur ? On ne sait pas.»
Selon nos informations obtenus auprès de personnes rompues au fonctionnement des partis, ces rémunérations correspondent en effet à celles pratiquées dans le cadre de contrats à durée déterminée pour des emplois particulièrement intenses lors d’une campagne électorale, ou à des prestations de conseil, si elles sont en effet la contrepartie d’un travail effectué.
Eric Brunet rétablit la réalité sur la fausse polémique montée par le Canard enchainé et les équipes de Zemmour pic.twitter.com/IhzKbzksWv
— Tom (@tomrfn) June 18, 2024
Règlements de comptes sur fond de désaccords politiques et personnels
La sortie de ces chiffres s’inscrit surtout dans une séquence de tensions entre les équipes restées fidèles à Éric Zemmour, qui se présenteront dans 330 circonscriptions partout en France, et ceux qui ont suivi Marion Maréchal pour une alliance avec le Rassemblement national (RN) et Les Républicains (LR).
Un rapprochement avec le RN qu’Éric Zemmour avait vilipendé le 12 juin lors d’un entretien sur BFMTV : «Vous savez, elle rejoint le clan familial, elle est pour le regroupement familial.»
De vives tensions avaient jalonné la campagne des européennes, notamment avec la compagne d’Éric Zemmour, Sarah Knafo, qui avait été placée fin avril en troisième position sur la liste Reconquête, provoquant la colère de proches de Marion Maréchal qui s’opposaient aux attaques frontales du clan Zemmour contre le RN.
Le 18 juin, quelques heures avant la publication de l’article du Canard enchaîné, c’est le directeur de campagne de Marion Maréchal, Philippe Vardon, qui mettait en cause les équipes d’Éric Zemmour et notamment le directeur numérique du parti, Samuel Lafont, à qui il reprochait de ne pas avoir participé à la campagne, refusant systématiquement de relayer les contenus dans lesquels figurait la candidate. Celui-ci aurait été écarté de la liste de candidats aux élections européennes par Marion Maréchal. Philippe Vardon accuse également ce proche d’Éric Zemmour d’avoir alimenté les «off», c’est-à-dire les déclarations faites auprès des journalistes contre la tête de liste.
Samuel Lafont avait été l’un des artisans de la campagne présidentielle de l’ancien polémiste sur Internet, particulièrement remarquée.
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